«The European Nitrogen Assessment». Un chapitre au titre trompeur

Moldanova, J., Grennfelt, P., Jonsson, A., Simpson, D., Spranger, T., Aas, W., Munthe, J. and Rabl, A. (2011) Nitrogen as a threat to European air quality. In: Sutton, M.A., Howard, C.M., Erisman, J.W., Billen, G., Bleeker, A., Grennfelt, P., van Grinsven, H. and Grizzetti, B. (eds) The European Nitrogen Assessment. Sources, Effects and Policy Perspectives. Cambridge University Press, chap. 18, pp 405 – 433

(voir le chapitre entier ici)

Au cours des dernières décennies, le continent européen a vu naître toute une série d’organismes ou d’organisations se donnant pour but de «favoriser une approche intégrée des politiques concernant l’azote».

Fondé en 1971, la COST [Coopération européenne dans le domaine de la recherche scientifique et technique] souhaite permettre «aux établissements et instituts de recherche nationaux, aux hautes écoles et aux entreprises de participer à un large éventail d’activités dans la recherche fondamentale et dans le domaine précompétitif». Plus précisément, cet organisme est à l’origine d’un projet, dit projet 729, qui cherche à comprendre et quantifier les flux d’azote dans la biosphère et l’atmosphère européennes pour en déterminer ensuite les retentissements environnementaux et économiques.

Fondée en 1974 et basée à Strasbourg, la Fondation Européenne de la Science [ESF]  regroupe 78 organisations membres venant de 30 pays européens. Son but est de «promouvoir la science européenne par la collaboration multilatérale de scientifiques de premier plan et la coordination des politiques et financements des organisations membres». Sept organismes français (ANR, CNRS, CEA, IFREMER, INSERM, INRA, IRD) en font partie. Dans un programme intitulé «NinE» [Nitrogen in Europe], cette Fondation Européenne de la Science identifie et signale neuf [«nine»] problèmes à son avis intriqués et consécutifs à un excès d’azote dans l’environnement [Nine interacting problems affected by excess nitrogen in the environment]. A ses yeux, l’un des neuf «problèmes» rencontrés consiste en un retentissement de l’excès d’azote sur la qualité de l’air et sur la santé [air quality and health].

Fondé en 2004, un Centre européen de l’INI [International Nitrogen Initiative] a pour mission de «développer les connaissances, les technologies et les solutions pour une utilisation et une production optimales de l’azote en Europe» [The mission of the European Centre is to develop knowledge, technologies and solutions for the optimum use and production of nitrogen in Europe].

Fondée en 2007 dans le cadre de la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies [United Nations Economic Commission for Europe, UNECE], une TFRN [Task Force Reactive Nitrogen] a pour but d’étudier les transferts à longue distance des «polluants» atmosphériques, parmi lesquels l’azote.

Récemment, ces différents organismes ont souhaité se regrouper pour organiser à Edimbourg, du 11 au 14 avril 2011, une Conférence intitulée: «Azote et Changement Global» [«Nitrogen and Global Change»].

Cette Conférence fut l’occasion pour les organisateurs de faire une déclaration publique, la «Déclaration d’Edimbourg sur l’azote réactif»  ["Edinburgh Declaration on Reactive Nitrogen"], déclaration approuvée par les délégués. Solennelle, elle désire, par exemple, mettre l’accent sur les menaces que la «pollution azotée» en Europe pourrait faire ou fait peser sur la santé humaine [«the threats of nitrogen pollution in Europe and beyond, including negative impacts on human health»].

La Conférence fut aussi l’occasion de publier un ouvrage de plus de 600 pages, avec la participation de nombreux auteurs: «The European Nitrogen Assessment. Sources, Effects and Policy Perspectives».

Le chapitre 18 de l’ouvrage mérite de retenir un instant l’attention. Son titre: «Nitrogen as a threat to European air quality» pourrait laisser penser à un lecteur qui ne prolongerait pas au-delà sa lecture que, dans l’air atmosphérique, les dérivés azotés tels le NO3-, le NO2, le NH3, le NH4+, font courir à l’homme un risque sanitaire.

En fait, si certaines études semblent montrer que les particules atmosphériques peuvent, par elles-mêmes, augmenter à la longue le risque de mortalité, toute cause confondue, il apparaît qu’au cas où une telle augmentation de risque serait bien réelle, elle n’est alors nullement due au dioxyde d’azote NO2 [Data from Europe suggested that long-term concentrations of nitrogen dioxide or nitrogen oxides (NO + NO2) were associated with an increased risk of all-cause mortality. However, none of the studies found evidence that nitrogen dioxide per se, but rather particulate pollution especially for traffic sources, seemed to be responsible for the observed associations […] None of these long-term exposure studies is able to attribute the effects to NO2 concentrations per se].

Comme le confirment les deux dernières phrases de la conclusion, les études jusqu’ici publiées n’ont absolument pas apporté la preuve d’un quelconque effet sanitaire négatif des dérivés azotés de l’air atmosphérique, tels le dioxyde d’azote, l’ion nitrate, l’ion ammonium, l’ammoniac ou l’acide nitrique [The uncertainties of the health impacts of nitrogen species (NO2, NH4+, NO3-, HNO3, and others) are very large and further epidemiological and toxicological research is needed to obtain more reliable exposure-response functions. In particular, the damage cost of NH3 emissions is extremely uncertain]

Commentaire du blog

Le titre du chapitre 18 est trompeur. Il est en contradiction avec la teneur et les conclusions du texte qu’il annonce.

Malgré l’imprécision des termes auxquels elle recourt, quand elle laisse entendre que la «pollution» azotée en Europe a des répercussions négatives sur la santé humaine, la «déclaration d’Edimbourg sur l’azote réactif» se fonde plus sur des a priori que sur des bases scientifiques.

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