Nitrate, nitrite et lymphome non-hodgkinien

Yu, M., Li, C., Hu, C., Jin, J., Qian, S. and Jin, J. (2020 The relationship between consumption of nitrite and nitrate and risk of non-Hodgkin lymphoma. Scientific Reports. doi.org/10.1038/s41598-020-57453-5

(voir l'abstract et le texte entier ici)


Les auteurs chinois [Université du Zhejiang, Hangzhou, République Populaire de Chine] présentent une méta-analyse consacrée aux liens entre les consommations de nitrate et de nitrite et le risque d’apparition du lymphome non-hodgkinien.


Selon des statistiques récentes, publiées en 2018, le lymphome non-hodgkinien serait le 8ème cancer le plus fréquent au monde chez l’homme, le 10ème chez la femme [According to the 2018 global cancer statistics, non-hodgkin lymphoma ranks as the 8th most common carcinoma in males and 10th in females].


Ayant trouvé sur le sujet 727 manuscrits, les auteurs procèdent à une sélection rigoureuse. Ils finissent par retenir, pour leur méta-analyse, 12 études qu’ils considèrent comme de haute qualité [high-quality studies]. Il s’agit de 4 études prospectives et de 8 études cas-contrôles, publiées entre 1996 et 2013.


De cette méta-analyse, il ressort que:


- la consommation de nitrate NO3- n’est pas liée statistiquement à la fréquence du lymphome non-hodgkinien [Odds ratio OR; 1, 02; 95% Intervalle de confiance CI: 0.94-1.10].


- alors que la consommation de nitrite NO2- est, au contraire, significativement liée à cette fréquence du lymphome non-hodgkinien [Odds ratio OR; 1, 37; 95% Intervalle de confiance CI: 1.14-1.65].


[Our data indicate that the consumption of nitrite was linked to a significantly increased hazard of non-Hodgkin lymphoma (OR:1.37; 95% CI: 1.14-1.65) rather than nitrate (OR: 1.02; 95% CI: 0.94-1.10)]


La prise en considération des sous-groupes permet quelques constatations supplémentaires:


- Le lien statistique nitrite NO2-- lymphome non-hodgkinien n’est significatif que chez la femme [OR: 1.50; 95% CI: 1.15-1.95]. Il ne l’est pas chez l’homme [OR: 0.84; CI: 0.52-1.36] [Gender was identified as a factor able to stratify the results in nitrite intake studies, with females exhibiting a significant positive association with non-Hodgkin lymphoma (OR: 1.50; 95% CI: 1.15-1.95) compared with males (OR: 0.84; 95% CI: 0.52-1.36)].


- Le lien statistique nitrite NO2-- lymphome non-hodgkinien est plus marqué avec le lymphome diffus à grandes cellules B [OR: 1.55; 95% CI: 1.07-2.26)] qu’avec le lymphome folliculaire [OR: 1.29; 95% CI: 0.89-1.86] [Where the risk factors concerned nitrite studies and non-Hodgkin lymphoma subtypes, a positive relationship was more evident in diffuse large B-cell lymphoma (DLBCL) (OR: 1.55; 95% CI: 1.07-2.26) compared with follicular lymphoma (FL) (OR: 1.29; 95% CI: 0.89-1.86)].


Les auteurs chinois reconnaissent que les données sur lesquelles s’appuie leur méta-analyse ne sont pas à l’abri de réserves [The meta-analysis had some limitations, due to data originating from previously published observational studies]. Ils signalent cinq biais méthodologiques possibles.


En définitive, ils souhaitent qu’à l’avenir, sur le sujet des liens éventuels nitrates/nitrites – lymphome non-hodgkinien, de nouvelles études épidémiologiques bien conduites, multicentriques et à large échelle soient mises en œuvre, afin d’obtenir des réponses sinon définitives, du moins plus assurées [Hence, a greater number of well-designed, multi-center, large-sample epidemiological studies are essential for better elucidating the association between the risk of non-Hodgkin lymphoma and nitrate or nitrite consumption].


Commentaire du blog


Sans préjuger des résultats des études à venir, deux données présentées ici peuvent étonner. Elles ne trouvent pas d’explication dans les connaissances actuelles portant sur le métabolisme des ions nitrate NO3- et nitrite NO2-.


Ce sont:

- la différence de carcinogénicité qui pourrait exister entre la consommation des ions nitrate et celle des ions nitrite. Les métabolismes des deux ions sont, en effet, intimement liés.


- la différence de carcinogénicité des ions nitrite NO2-, quand ils sont consommés par un homme ou par une femme.



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