Nitrate/nitrite urinaire et cancer du poumon

Gao, X., Xuan, Y., Benner, A., Anusruti, A., Brenner, H. and Schöttker, B. (2019) Nitric oxide metabolites and lung cancer incidence: a matched case-control study iested in the ESTHER cohort. Oxidative Medicine and Cellular Longevity. doi.org/10.1155/2019/6470950

(voir l'abstract et le texte entier ici)

Les auteurs allemands [Centre allemand de recherche sur le cancer. Heidelberg. Bade-Wurtemberg] rapportent les résultats d’une étude appariée cas-contrôle portant sur l’éventuelle association entre les métabolites de l’oxyde nitrique NO, c’est-à-dire les ions nitrate NO3- et nitrite NO2-, et l’incidence du cancer pulmonaire.

Ils travaillent à partir de la cohorte ESTHER [Epidemiologische Studie zu chancen der verhütung, früherkennung und optimierten THerapie chronischer ERkrankungen in der älteren bevölkerung]. Celle-ci réunit 9940 sujets âgés de 50 à 75 ans recrutés entre 2000 et 2002, recontactés ensuite à plusieurs reprises 2, 5, 8, 11 et 14 ans plus tard.

A partir de leur cohorte, ils individualisent 245 patients atteints de cancer du poumon, et les comparent à 735 sujets contrôles. Les appariements sont faits par âge, sexe et statut tabagique. Des prélèvements urinaires permettent d’évaluer les concentrations de [nitrate NO3- + nitrite NO2-] urinaire rapportées à la concentration urinaire de créatinine.

• Chez les sujets témoins, les concentrations urinaires en [nitrate NO3- + nitrite NO2-] ont tendance à baisser avec l’âge: en moyenne, 122.0 μmol de nitrate/nitrite par mmol de créatinine entre 50 et 60 ans et 97.1 μmol de nitrate/nitrite par mmol de créatinine entre 70 et 75 ans (p ˂ 0.001). Une telle baisse ne s’observe pas chez les sujets atteints de cancer du poumon: respectivement et en moyenne 122.1 et 136.2 μmol de nitrate/nitrite par mmol de créatinine dans les deux groupes d’âge.

• Par ailleurs, la comparaison entre:

- les sujets dont la concentration urinaire en [nitrate NO3- + nitrite NO2-] fait partie du quintile le plus élevé, les teneurs de nitrate/nitrite étant supérieures à 192.8 μmol par mmol de créatinine,

- et les sujets dont la concentration urinaire en [nitrate NO3- + nitrite NO2-] fait partie du quintile le plus faible, les teneurs de nitrate/nitrite étant inférieures à 66.9 μmol par mmol de créatinine,

montre que l’incidence du cancer du poumon est significativement plus élevée chez les premiers que chez les seconds, l’odds ratio étant de 1.37 [Nitrite/nitrate levels in the top quintile were statistically significantly associated with lung cancer incidence: the OR […] was 1.37 (1.04-1.82) for comparison with the bottom quintile].

Les auteurs allemands sont conscients de l’existence de certaines faiblesses dans leur étude. On en retiendra deux:

- un nombre des sujets par quintile assez faible,

- l’absence de prise en compte des apports alimentaires en nitrate NO3-.

Les auteurs souhaitent qu’à l’avenir d’autres études portent sur la question, de manière à confirmer ou non l’hypothèse de l’influence des synthèses élevées en oxyde nitrique NO sur le développement du cancer du poumon [Further studies are needed to validate these findings and to confirm the hypothesis that pathologically high levels of NO are involved in lung cancer development].

Commentaire du blog

Si l’association observée dans l’étude allemande se confirmait, il conviendrait cependant de déterminer:

- si une synthèse excessive d’oxyde nitrique NO favorise le développement du cancer du poumon,

- ou si, à l’inverse et plus simplement, le développement de la pathologie tumorale pulmonaire n’est pas à l’origine d’une stimulation de la NO synthase inductible (iNOS ou NOS2). D’où une plus grande biodisponibilité en oxyde nitrique NO et de plus fortes concentrations urinaires des ions nitrate NO3- et nitrite NO2-, ses métabolites.

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