Métabolites du NO et syndrome de fatigue chronique

Suarez, A., Guillamo, E., Roig, T., Blazquez, A., Alegre, J., Bermudez, J., Ventura, J. L., Garcia-Quintana, A. M., Comella, A., Segura, R. and Javierre, C. (2010) Nitric oxide metabolite production during exercise in chronic fatigue syndrome: A case-control study. Journal of Women’s Health 19, 1073-1077.

(voir l'abstract ici)

Proche d’une autre entité plus connue, la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique associe un état de fatigue prolongé, durant plus de six mois, retentissant sur l’aptitude au travail, à divers symptômes, tels des douleurs musculaires, des douleurs articulaires, des désordres neurocognitifs et des troubles du sommeil. Tous les examens de laboratoire sont normaux. L’étiologie reste méconnue.

Ce travail, qui nous vient de Barcelone (Espagne), se propose de procéder, avant et après exercice musculaire, à des évaluations quantitatives des taux plasmatiques des métabolites de l’oxyde nitrique NO chez 44 femmes âgées de 35 à 56 ans atteintes du syndrome de fatigue chronique (CFS) et de comparer les résultats avec ceux que l’on recueille dans les mêmes circonstances chez 25 femmes contrôles, en bonne santé, d’âge équivalent (entre 32 et 49 ans).

Avant l’exercice musculaire, les taux plasmatiques moyens en NOx (NO3- + NO2-) sont respectivement de 125 et 180 pmol NOx/ml chez les femmes témoins et chez les patientes atteintes de syndrome de fatigue chronique, la différence n’apparaissant pas statistiquement significative [There were no differences between the groups at baseline].

L’exercice musculaire dit maximal consiste en un effort progressif sur ergocycle, jusqu’à épuisement. La mesure du taux plasmatique en NOx est effectuée pendant la première minute qui fait suite à la fin de l’exercice.

Ainsi une minute après l’exercice musculaire maximal, chez les femmes témoins, le taux plasmatique moyen en NOx s’élève modérément: 145 pmol NOx/ml. Une minute après le même exercice, chez les femmes atteintes de syndrome de fatigue chronique, le taux plasmatique moyen en NOx s’élève plus nettement: 475 pmol NOx/ml.

On sait que l’augmentation de production d’oxyde nitrique par l’intermédiaire de la NO synthase endothéliale (eNOS) accompagnant l’exercice musculaire est habituellement considérée comme bénéfique [An increase in NO production, brought about by eNOS, is considered beneficial during exercise] (Cf. rubriques du 4 décembre 2009 et du 15 juin 2010).

A titre d’hypothèse, il se pourrait que l’intervention, lors de l’exercice, de la NO synthase inductible (iNOS) se traduise par des effets moins favorables. On sait que la NO synthase inductible (iNOS) est induite par diverses cytokines (interleukine 1, tumor necrosis factor, interferon gamma) [Other forms of NOS may not offer these physiological advantages to exercise response. For example, iNOS is induced primarily by reactive oxygen species (ROS) or inflammatory cytokines (IL-1, TNF, IFN-γ)]. Les interactions sont complexes. C’est peut-être une telle intervention, au cours de l’exercice musculaire, des cytokines et de la NO synthase inductible qui expliquerait, dans un syndrome comme celui de la fatigue chronique, les symptômes ainsi que l’élévation des taux plasmatiques des métabolites de l’oxyde nitrique NO au terme de l’effort.

Les auteurs considèrent que l’exercice musculaire sur ergomètre, avec mesure des taux plasmatiques des métabolites du NO, constitue un test intéressant, pouvant éventuellement servir au diagnostic du syndrome [This combination (exercise plus NO response evaluation) may be useful in the assessment of CFS].  

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