Système nitrite-NO et système cœur-vaisseaux

Tota, B., Quintieri, A. M. and Angelone, T. (2010) The emerging role of nitrite as an endogenous modulator and therapeutic agent of cardiovascular function. Current Medicinal Chemistry 17, 1915-1925.

(voir l'abstract ici)

Chez le mammifère, le principal agent vasodilatateur du système cardiovasculaire est l’oxyde nitrique NO, ou monoxyde d’azote. De nature gazeuse, ce messager [gaseous messenger] fut d’abord considéré comme simple agent paracrine: on pensait que ses effets ne pouvaient s’exercer qu’à stricte proximité du site de synthèse. Dans un deuxième temps, on se rendit à l’évidence: ses activités peuvent, également, avoir lieu à distance du site de synthèse, selon un mode dit, non plus paracrine, mais endocrine.

Une question se pose. Comment les effets de l’oxyde nitrique NO peuvent-ils avoir lieu à distance? L’attention se porta sur divers médiateurs possibles, telles la N-nitrosoalbumine, la S-nitrosohémoglobine, la fer-nitrosyl hémoglobine, avant que soit établi que l’anion nitrite NO2- constitue, en réalité, dans l’organisme, le plus grand réservoir physiologique d’oxyde nitrique NO, en même temps d’ailleurs qu’il sous-tend diverses réponses biologiques.

70% des ions nitrite NO2- plasmatiques proviennent d’une synthèse endogène, sous l’effet des NO synthases (NOSs), principalement de la NO synthase endothéliale (eNOS), tandis qu’une partie de cette réserve en oxyde nitrique provient des apports exogènes alimentaires en nitrates NO3- (eau de boisson, légumes), après un cycle entéro-plasmatico-salivaire et une réduction des nitrates salivaires (NO3- → NO2-) par les bactéries de la cavité buccale.

Dans cette revue, les auteurs italiens (Université de Calabre) présentent l’état des connaissances concernant ces réponses biologiques induites par les nitrites et dépendantes du NO [NO-dependent nitrite-induced biological responses]:

- vasodilatation en condition hypoxique

- inhibition de la chaîne respiratoire mitochondriale

- accentuation de la tolérance à l’ischémie-reperfusion par cytoprotection

- régulation de l’expression des protéines et des gènes.

Ils insistent particulièrement sur les importantes actions cardiovasculaires des nitrites, en condition tant physiologique que pathologique:

- contrôle régional et systémique du flux sanguin, que ce soit en condition physiologique ou en état d’ischémie-reperfusion,

- effet sur les processus de contraction et relaxation du myocarde, avec possibles implications thérapeutiques

- réduction des nitrites sous l’effet de la myoglobine cardiaque; au même titre que l’hémoglobine, cette dernière joue, dans l’organisme, un rôle de nitrite réductase.

Les auteurs italiens attirent enfin l’attention sur l’intérêt qu’il convient de porter à l’étude de l’action de l’ion nitrite sur le cœur de modèles animaux bien particuliers: ceux des poissons et des amphibiens. Ce type d’études donne lieu à de remarquables aperçus sur les fonctions «ancestrales», chez les vertébrés, du système nitrite-NO, et à d’intéressantes déductions en physiologie humaine.

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