Parodontite et métabolites du NO dans la salive

Han, D.-H., Kim, M.-S., Shin, H.-S., Park, K.P. and Kim, H.-D. (2012) Association between periodontitis and salivary nitric oxide metabolites among community elderly Koreans. Journal of Periodontology 84, 776-784

(voir l'abstract ici)

Inflammation chronique du parodonte, c’est-à-dire de la gencive, du cément, du ligament alvéolo-dentaire et de l’os alvéolaire, la parodontite fait suite à une infection par des bactéries à Gram négatif, tels, par exemple, Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia et Actinobacillus actinomycetemcomitans. L’atteinte inflammatoire va alors de pair avec une stimulation de la production locale d’oxyde nitrique NO [Periodontal disease is a chronic inflammatory reaction in response to the presence of Gram-negative bacteria that stimule NO production, such as Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia et Actinobacillus actinomycetemcomitans].

Les auteurs coréens [Ecole de Médecine Dentaire, Université Nationale de Séoul] vérifient si, dans cette affection, les teneurs salivaires en nitrate NO3-, en nitrite NO2- et en nitrate + nitrite [NOx] sont augmentées.

Leur étude porte sur 242 sujets coréens du district rural de Sunchang [province du Jeolla du Nord, Corée du Sud], réputé, disons-le en passant, pour être le district coréen offrant aux habitants la plus grande longévité [The Sunchang Elderly Cohort Study (SECS) has been conducted in Sunchang county, a rural area in which the elderly reportedly have the longest life expectancy in Korea]. Les sujets étudiés sont au nombre de 242. On dénombre 91 hommes, 151 femmes. Leur âge va de 48 à 93 ans.

Les mesures des teneurs salivaires en NO3-, NO2- et NOx sont effectuées au moins deux heures après toute ingestion alimentaire, solide ou liquide [Participants were asked to refrain from eating or drinking for two hours prior to collection]. 

Au terme d’un examen clinique et standardisé du parodonte, quatre stades sont retenus:

- 1) absence d’atteinte parodontale,

- 2) atteinte parodontale peu sévère,

- 3) atteinte parodontale moyennement sévère,

- 4) atteinte parodontale très sévère.

En cas d’absence d’atteinte parodontale, d’atteinte parodontales peu sévère, d’atteinte parodontale moyennement sévère et d’atteinte parodontale très sévère,

-       –   les concentrations moyennes de la salive en nitrate NO3- sont, respectivement, de 16.1, 16.7, 20.7 et 26.8 mg NO3- l-1.

-        –  les concentrations moyennes de la salive en nitrite NO2- sont, respectivement, de 14.5, 10.5, 10.7 et 24.1 mg NO2- l-1,

-        –  les concentrations moyennes de la salive en nitrate + nitrite NOx sont, respectivement, de 573, 497, 565 et 957 μmol l-1,

Entre l’importance de la parodontite et les teneurs salivaires étudiées, une relation linéaire semble exister. En fait, l’association est statistiquement significative avec les teneurs en nitrite comme avec les teneurs en NOx et ne l’est pas avec les teneurs en nitrate [Our data suggest a linear relationship between periodontitis and all three of the S-NO metabolite studied. Additionally, categorical data showed a significant association between severe periodontits and total NO and nitrite levels. Categorical data did not, however, show a significant association between severe periodontitis and nitrate levels].

Les auteurs concluent que, dans la salive, des teneurs élevées en métabolites de l’oxyde nitrique NO [S-NO] pourraient constituer un indice diagnostique en faveur de la parodontite infectieuse. Les teneurs salivaires des métabolites de l’oxyde nitrique NO |S-NO] pourraient servir à la détecter comme à en suivre l’évolution [Our results suggest that high levels of S-NO are likely the inflammatory hallmark of periodontal disease […] Thus, S-NO may serve as a potential biological marker for detecting and monitoring periodontitis].

Commentaire du blog

Les auteurs n’attachent pas, semble-t-il, l’importance qu’il conviendrait à la circulation entéro-salivaire des nitrates. Très vascularisées, les glandes salivaires puisent, en effet, en abondance les nitrates plasmatiques pour les déverser dans leur produit de sécrétion, la salive. En présence de la flore physiologique, toujours abondante [108 germes ml-1], ces nitrates salivaires provenant du plasma sont ensuite, en partie, transformés en nitrites salivaires.

Après des apports alimentaires en nitrate NO3-, les teneurs salivaires en nitrite NO2- augmentent, pour rester parfois élevées plus de deux heures. Ainsi 0, 20, 40, 60, 120 et 180 minutes après l’ingestion de 124 mg de NO3-, les teneurs salivaires moyennes en nitrite NO2- sont, respectivement, estimées à 2, 35, 35, 30, 22 et 21 mg NO2- l-1 (Mowatt et coll., 1999).

La précaution prise par les auteurs, ayant consisté à demander aux sujets un jeûne solide et liquide de deux heures, pourrait avoir été insuffisante.

Par ailleurs, toute inflammation intra-buccale, quel qu’en soit son site, qu’elle soit, par exemple, pharyngée, amygdalienne ou dentaire, est susceptible de se traduire par une augmentation de l’expression de la NO synthase inductible [iNOS], donc, par une augmentation des teneurs salivaires en métabolites de l’oxyde nitrique, c’est-à-dire en nitrates et en nitrites. Dès lors, les modifications constatées par les auteurs pourraient ne pas être caractéristiques d’une infection parodontale

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