NOx et phénomène de Raynaud

Tanaka, A., Yamazaki, M., Saito, M., Oh-I, T., Watanabe, Y. and Tsuboi, R. (2011) Highly sensitive high-pressure liquid chromatography with ultraviolet light method detected the reduction of serum nitrite/nitrate levels after cold exposure in patients with Raynaud’s phenomenon. Journal of Dermatology 38, 1-2.

(référence ici; pas d'abstract disponible)

Appartenant au Département de Dermatologie de l’Université Médicale de Tokyo, les auteurs cherchent à savoir si le phénomène de Raynaud est lié ou non à une moindre production d’oxyde nitrique [NO] lors du froid.

Ils comparent 9 volontaires sains à 42 patients atteints de syndrome de Raynaud. Parmi ces derniers, 5 ont un syndrome de Raynaud primitif, 37 un syndrome de Raynaud secondaire [8 en association à un lupus érythémateux, 10 à une sclérodermie systémique, 3 à une cryoglobulinémie, 3 à une panartérite noueuse cutanée, 11 à une «connectivite indéterminée»]. Parmi ces patients, 15 ne reçoivent pas de traitement tandis que 27 reçoivent du chlorhydrate de sarpogrelate [sarpogrelate hydrochloride (SH)], un antagoniste sélectif du récepteur sérotoninergique 5-HT2A à effet antiplaquettaire [They were taking sarpogrelate hydrochloride (SH), a selective 5-HT2A receptor antagonist, as an antiplatelet agent].

Pendant 30 secondes, les sujets plongent leurs mains dans une eau froide maintenue à 4°C. Ils sont suivis cliniquement et biologiquement. Biologiquement, grâce à des prélèvements à l’avant-bras, des mesures des taux sériques de NOx [nitrate NO3- + nitrite NO2-] sont effectuées immédiatement avant l’exposition au froid, immédiatement après, enfin 30 minutes plus tard.

Cliniquement, après cette exposition au froid, le phénomène de Raynaud survient chez 0% des volontaires sains, 87% des patients non traités, 89% des patients traités par le chlorhydrate de sarpogrelate.

Biologiquement, par définition, les taux sériques de NOx sont considérés comme étant de 100% immédiatement avant l’exposition au froid. Mesurés immédiatement après, ils baissent très légèrement, étant alors évalués, en moyenne, à 98%, aussi bien chez les sujets témoins que chez les patients souffrant de phénomène de Raynaud, que ces derniers soient ou non traités par le chlorhydrate de sarpogrelate. Mais, lorsqu’ils sont évalués plus tardivement, 30 minutes après l’exposition au froid, des différences apparaissent. Chez les sujets témoins, chez les patients atteints de phénomènes de Raynaud non traités, chez ceux qui reçoivent du chlorhydrate de sarpogrelate, les taux de NOx sont alors évalués, en moyenne et respectivement, à 97.5, 94.6 et 96%.

Dans cette étude, l’administration du chlorhydrate de sarpogrelate ne fait donc pas preuve d’une réelle efficacité clinique. Les auteurs pensent que, chez leurs sujets, l’exposition au froid est trop prononcée pour qu’elle puisse se manifester [In the present study, we could not prevent Raynaud’s phenomenon by administrating sarpogrelate hydrochloride [SH], probably because of extreme exposure to icy water]. Il n’est pas exclu, cependant, que le produit garde une utilité dans la vie de tous les jours [However, SH is still thought to be effective in preventing Raynaud’s phenomenon due to cold exposure in daily life].

Sur le plan biologique, l’interprétation des auteurs reste prudente. Selon eux, il ne serait pas impossible que le phénomène de Raynaud soit déclenché par une production réduite d’oxyde nitrique [NO] [Raynaud’s phenomenon can be triggered by the reduction of NO production]. Des études complémentaires restent cependant nécessaires [Further studies should be conducted with larger numbers of patients in order to clarify the etiology of Raynaud’s phenomenon in each case].

Commentaire du blog

Deux questions conjointes viennent à l’esprit: Les mesures effectuées à l’avant-bras sont-elles vraiment en mesure de rendre correctement compte de phénomènes vasculaires locaux se produisant à distance, c’est-à-dire en regard des artères digitales? S’il avait été possible de mesurer les taux sériques de NOx en regard des artères digitales, les résultats auraient-ils été plus probants?

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