NOx et dépression

Garcia, R.G., Zarruk, J.G., Barrera, C., Pinzon, A., Trillos, E., Arenas, W.D., Luengas, C., Tomaz, C. and Lopez-Jaramillo, P. (2011) Plasma nitrate levels and flow-mediated vasodilation in untreated major depression. Psychosomatic Medicine 73, 344-349.

(voir l'abstract ici)

Selon un nombre croissant d’études épidémiologiques, par sa seule présence, la dépression augmenterait le risque d’apparition des affections cardiovasculaires chez le sujet sain et le risque d’apparition des complications chez le sujet déjà atteint d’affection cardiaque ou vasculaire [An increassisng number of community-based epidemiological studies have suggested that depression is an independent risk factor for the onset of cardiovascular disease (CVD) in healthy subjects and complications and new events in subjects with already established CVD].

L’oxyde nitrique NO est connu pour jouer un rôle important et multiforme en physiologie cérébrale. Il aide à la libération de noradrénaline, de dopamine et de sérotonine, à l’apprentissage et à la consolidation de la mémoire, à la régulation de la plasticité synaptique, au cycle éveil-sommeil, à la modulation de la nociception, de l’olfaction, de l’appétit, de la température corporelle.

Quatre études [Chrapko et coll, 2004, Selley et coll., 2004, Suzuki et coll., 2001, Kim et coll., 2006] ont déjà cherché à savoir comment évoluaient les taux plasmatiques de nitrate et nitrite [NOx] en cas de dépression. Les résultats divergent. Dans cette affection, les deux premières études trouvent les taux de NOx diminués, la troisième augmentés, la quatrième inchangés.

En fait, les auteurs colombiens et brésiliens font remarquer que ces quatre précédentes études ont été conduites chez des patients dépressifs atteints de comorbidité psychiatrique et soumis à dives traitements psychotropes. Ils conduisent la leur en sélectionnant 50 adultes atteints d’un premier épisode de dépression majeure [major depressive disorder] (âge moyen 22 ans), sans nulle comorbidité psychiatrique, sans nul traitement. Ils les comparent à 50 sujets témoins.

Le taux plasmatique de NOx, à jeun, est, en moyenne, de 17.5 μmol l-1 chez les sujets dépressifs et 21.6 μmol l-1 chez les témoins. La différence est significative.

La «flow mediated dilation» [FMD] est l’augmentation, mesurée en échographie, du diamètre de l’artère brachiale, en réponse à un stress comme le serrement du bras par un brassard ou un garrot. Par rapport aux témoins, cette FMD n’est pas significativement modifiée chez le sujet dépressif.

Ainsi, au cours du premier épisode dépressif, le taux plasmatique de nitrate et nitrite [NOx] apparaît diminué sans que la fonction endothéliale vasculaire ne s’en trouve, à l’évidence, altérée. Les auteurs se demandent si, chez le sujet nouvellement dépressif, la baisse du taux plasmatique en NOx ne pourrait pas être le signe d’une diminution d’activité de la NO synthase neuronale [nNOS] allant de pair avec une diminution de production d’oxyde nitrique dans le système nerveux central lui-même [A more plausible explanation for decreased plasma NOx in depressed patients in the present study could be a reduced NO production by nNOS].

Commentaire du blog

Si la diminution de la production de NO, et donc de nitrate, au cours de la dépression est confirmée par les études à venir, il restera à déterminer s’il s’agit d’un facteur causal ou d’une conséquence.

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