Oxyde nitrique et ulcération diabétique

Boykin, J.V. (2010) Wound nitric oxide bioactivity. A promising diagnostic indicator for diabetic foot ulcer management. Journal of Wound, Ostomy and Continence Nursing 37, 25-32.

(voir l'abstract ici)

Les Etats-Unis comptent 20 millions de diabétiques.

On estime que 15% d’entre eux, c’est-à-dire 3 millions de sujets, seront, dans les années à l’avenir, confrontés à l’apparition d’ulcérations des membres inférieurs, en premier lieu à celle d’un mal perforant plantaire. Aux USA, chaque année, sur les 100 000 amputations des membres inférieurs que l’on réalise dans un contexte non traumatique, plus de la moitié (de 45 à 83%) sont consécutives à des ulcérations diabétiques. J.V. Boykin (Richmond, Virginie, USA) rapporte, dans cet article, un travail préliminaire, déjà présenté à Toronto (Canada) au 3ème Congrès de la WUWHS (World Union of Wound Healing Societies), en juin 2008.

Chez trois groupes de cinq sujets (groupe 1: diabétiques de type I/II avec ulcérations ayant bien répondu à un traitement de 20 semaines par PDGF [Platelet-Derived Growth Factor] recombinant; groupe 2: diabétiques de type I/II avec ulcérations ayant insuffisamment répondu à ce même traitement; groupe 3: sujets sains, non diabétiques et indemnes d’ulcérations des membres inférieurs), l’auteur dose les taux de nitrates/nitrites (NO3-/NO2-) ou NOx, dans les urines ainsi que dans le plasma. Les sujets sont d’abord soumis à douze heures de jeûne; les vingt-quatre heures suivantes, ils gardent le lit et reçoivent un régime pauvre en nitrates. Les dosages sont effectués à J1 et J2.

Les taux urinaires en NOx sont moins élevés chez les patients du groupe 2 («non-répondeurs») que chez les patients du groupe 1 («répondeurs») et les sujets témoins du groupe 3; les résultats sont équivalents dans les groupes 1 et 3.

Les taux plasmatiques en NOx des patients du groupe 1 («répondeurs») sont plus élevés que ceux des patients du groupe 2 («non-répondeurs»), plus élevés aussi que ceux des sujets témoins du groupe 3.

Dans une autre partie de l’étude, cette fois prospective, l’auteur dose les taux de NOx dans le liquide de suintement des ulcérations diabétiques (wound fluid) pendant les douze semaines d’un traitement consistant en des applications de DermagraftR (substitut dermique d’origine humaine). Comparant 6 sujets «répondeurs» à 6 sujets «non répondeurs», il observe que, pendant les deux premières semaines, les taux de NOx dans les liquides prélevés sont plus élevés chez les premiers («répondeurs») que chez les seconds («non-répondeurs»): en moyenne et respectivement 13 et 4 μmol/L.

Si de tels résultats sont confirmés par les recherches ultérieures [If validated by additional research], l’auteur envisage la possibilité qu’à l’avenir les mesures des taux de nitrate ou de NOx dans le liquide de suintement des ulcérations diabétiques puissent servir de test, permettant ainsi de procéder à des ajustements thérapeutiques. Il imagine qu’elles puissent être associées aux prélèvements bactériologiques, ou encore à une évaluation de la production locale en métalloprotéinases matricielles (MMPs).

Commentaire du blog

Malgré son intérêt, ce travail doit être accueilli avec prudence.

L’auteur ne fournit pas les chiffres des taux urinaires et plasmatiques de sa première enquête. Les nombres de sujets rentrant dans ses deux études, rétrospective et prospective, sont faibles. On peut s’interroger sur les modalités des mesures du NOx dans le «wound fluid» et les liens éventuels des résultats avec les circonstances bactériologiques locales.  

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