Syndrome des ovaires polykystiques, tabac, NOx

Morotti, E., Battaglia, B., Fabbri, R., Paradisi, R., Venturoli, S. and Battaglia, C. (2014) Cigarrette smoking and cardiovascular risk in young women with polycystic ovary syndrome. International Journal of Fertility and Sterility 7, 301-312

(voir l'abstract ici)

Avant l’âge de la ménopause, le syndrome des ovaires polykystiques est l’une des plus fréquentes endocrinopathies féminines. Comportant une résistance à l’insuline, favorisant hypertension artérielle et dyslipidémies, souvent associé à une obésité centrale (concentrée au niveau abdominal), il est bien connu pour augmenter le risque cardiovasculaire [The polycystic ovary syndrome (PCOS) is one of the commonest endocrinopathy of premenopausal women. Insulin resistance is a well-recognized feature of PCOS and, in association with hypertension and dyslipidemia, may increase the risk of cardiovascular (CV) and cerebrovascular events. These risks are compounded by central obesity, which is a worsening and confounding factor present in the majority of women with PCOS].

Le tabagisme augmente, lui aussi, le risque cardiovasculaire. Un lien statistique existe, on le sait, entre le nombre de paquets-année et la sévérité de l’athérosclérose, vérifiée par angiographie. Sur l’aorte thoracique, les lésions d’athérosclérose sont plus marquées chez le fumeur que chez le non-fumeur. Le tabagisme est associé à une augmentation significative de la rigidité et de l’épaisseur intima-média de l’artère carotide [Smoking is «per se» an important risk factor for cardiovascular diseases. Wang et al. associated pack-years of smoking with the severity of angiographically determined atherosclerosis. Furthermore, thoracic aortic atherosclerotic lesions have been increased in smokers vs. nonsmokers. In addition, it has also been reported that cigarette smoking is associated with a significant increase of carotid intima-media thickness and carotid stiffness].

Les auteurs italiens [Service de Gynécologie de Bologne] cherchent ainsi à savoir si le tabagisme est capable d’augmenter le risque cardiovasculaire déjà présent chez les patientes présentant le syndrome des ovaires polykystiques. Pour éviter tout biais provenant de l’âge et de l’obésité, les patientes qu’ils recrutent sont à la fois jeunes et indemnes de surcharge pondérale.

Les 81 patientes participant à l’étude, toutes atteintes de syndrome des ovaires polykystiques, sont ainsi jeunes, d’âge compris entre 18 et 35 ans, et de corpulence normale, d’indice de masse corporelle compris entre 19 et 25 kg. m-2.

En fonction des habitudes tabagiques, les auteurs distinguent 3 groupes:

1) Groupe I: 27 patientes non fumeuses

2) Groupe II: 26 patientes «faibles fumeuses», fumant, depuis plus de deux ans, moins de 10 cigarettes par jour (en moyenne 4.3 cigarettes par jour)

3) Groupe III: 28 patientes «grandes fumeuses», fumant plus de 10 cigarettes par jour (en moyenne 17.5 cigarettes par jour).

Parmi tous les contrôles réalisés au cours de cette étude, on retiendra une mesure de la concentration plasmatique de NOx [Nitrate NO3- + nitrite NO2-], effectuée à jeun en début de la phase folliculaire du cycle menstruel, entre les troisième et cinquième jours.

Dans les groupes I, II et III, les concentrations plasmatiques en NOx sont, en moyenne et respectivement, de 28.4, 23.6 et 21.4 μmol l-1. Chez les patientes, une corrélation, à la fois inverse et statistiquement significative, est enregistrée entre les habitudes tabagiques et la concentration plasmatique en NOx [The NO2-/NO3- plasma levels resulted in a significant reduction in heavy smoking patients in respect to the non-smokers. A significant inverse relation was observed between smoking and NO2-/NO3- circulating plasma levels (ρ = 0.0446; p < 0.001)].

Jointe à d’autres, cette constatation amène les auteurs à conclure que chez les patientes atteintes de syndrome des ovaires polykystiques, le tabagisme est effectivement nocif, même en l’absence de surcharge pondérale. Il augmente les marqueurs non invasifs du risque cardiovasculaire [Smoking habitude in lean PCOS patients may increase the soft markers of CV risk].

Commentaire du blog

Le résultat était prévisible.

Dans l’étude de Loffredo et coll. (2011), la concentration plasmatique en NOx est diminuée de 36 % chez le fumeur: 13.5 μM en moyenne chez le fumeur, versus 21 μM chez le non-fumeur [Cf. rubrique du 2 novembre 2011].

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