Nitrite des larmes et fatigue visuelle

Xu, Y., Wang, X., Jing, B. and Zhong, Y. (2013) The variation of nitrite content in human tear under visual fatigue. Nitric Oxide 31, S17, P10.

(voir la référence ici)

Le téléphone portable prend une place croissante dans la vie de nos contemporains. De plus en plus nombreux sont ceux qui passent des heures devant leur téléviseur ou leur ordinateur. Le phénomène de «fatigue visuelle» devient ainsi de plus en plus fréquent [Modern society has made a lot of demands for long hours of visual task performance, such as reading novels in mobile phone, viewing motion images on TV, editing documents on computer, etc. These demands easily lead to visual fatigue].

Aucun examen complémentaire n’est, semble-t-il, aujourd’hui en mesure de le reconnaître, a fortiori de le mesurer.

Ayant évalué les teneurs en nitrite NO2- dans les larmes de sujets se plaignant de «fatigue visuelle», les auteurs [Tianjin, République Populaire de Chine] rapportent, sous forme d’affiche, les résultats de leurs travaux au Colloque de Pittsburgh [Pennsylvanie, USA] [Fifth Bi-annual International Meeting on the Role of Nitrite and Nitrate in Physiology, Pathophysiology, and Therapeutics, May 4-5, 2013].

Vingt sujets (10 hommes et 10 femmes), sains, volontaires, âgés de 20 à 25 ans, non myopes, prennent part à l’étude.

• Quand ils sont placés pendant deux heures en simple position assise, dans un emplacement où l’intensité lumineuse est de 30, 200 ou 40000 lux, ils ne présentent pas vraiment de sensation d’inconfort ni de sensation de lourdeur des régions oculaires (sauf à 40000 lux où la sensation de lourdeur est légère).

[On rappellera que 30 lux correspondent à l’éclairement d’une rue la nuit par éclairage public, 200 lux à l’éclairement réclamé par un travail de bureau, 40000 lux à l’éclairement extérieur par le soleil]

Au terme des deux heures, avec ces trois intensités lumineuses (30, 200 et 40000 lux), la concentration des larmes en nitrite NO2- est, en moyenne et respectivement, de 2.0, 1.8 et 2.3 mg NO2- l-1.

• Quand ils sont placés, de même, pendant deux heures dans un emplacement où l’intensité lumineuse est de 30, 200 et 40000 lux, mais qu’ils doivent, en outre, lire un journal:

- Au terme des deux heures, ils ressentent une sensation d’inconfort et de lourdeur des zones oculaires plus prononcée à 40000 lux qu’à 30 lux, et aussi plus prononcée à 30 lux qu’à 200 lux [The order of eye ache and eye bulge was 40,000 lux >. 30 lux > 200 lux].

- Au terme des deux heures, pour les expositions à 30, 200 et 40000 lux, la concentration des larmes en nitrite NO2- est, en moyenne et respectivement, de 3.6, 2.8 et 5.2 mg NO2- l-1.

• Quand on demande, en outre, à des volontaires de travailler sur ordinateur pendant deux heures, les mêmes sensations d’inconfort et de lourdeur des régions oculaires apparaissent. Avant le travail, la concentration des larmes en nitrite est, en moyenne, de 1.8 mg NO2- l-1. Au terme des deux heures de travail sur ordinateur, du fait d’une augmentation de 189 %, elle est, en moyenne, de 3.5 mg NO2- l-1.

De longues heures de lecture ou de longues heures de travail sur ordinateur élèvent la concentration des larmes en nitrite NO2- L’augmentation de la concentration des larmes en nitrite est positivement corrélée aux symptômes subjectifs. Pour les auteurs chinois, la concentration des larmes en nitrite constitue ainsi un marqueur biologique, qui permet d’apprécier quantitativement la «fatigue visuelle» [Long hours reading or editing documents on computer increased nitrite content in tear which was positive correlation with the subjective symptom of visual fatigue. Therefore the nitrite content in tear can be taken as a marker of assessing visual fatigue].

Commentaire du blog

On aurait aimé que les auteurs évaluent également les concentrations des larmes en nitrate NO3-.

Les concentrations des larmes en nitrite NO2- qu’ils relatent sur cette affiche apparaissent étonnamment élevées. Pour comparaison, rappelons que les concentrations en nitrite NO2- du plasma, de l’urine, de la sueur et du liquide céphalorachidien sont habituellement estimées, respectivement, autour de 0.19, 0.18, 0.15 et 0.02 mg NO2- l-1. Dans le lait maternel, entre les 2ème et 5ème jours du post-partum, la concentration en nitrite NO2- est, par contre, habituellement estimée à 2.1 mg NO2- l-1; elle se rapprocherait alors de celle des larmes en situation basale, du moins de celle que rapporte ce travail.

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