Estimation des apports nitratés. Réserves méthodologiques

Babateen, A.M., Fornelli, G., Donini, L.M., Mathers, J.C. and Siervo, M. (2018) Assessment of dietary nitrate intake in humans. A systematic review. American Journal of Clinical Nutrition 108, 878-888

(voir l'abstract ici)

Suite à une revue de la littérature, les auteurs [Université Oumm Al-Qura, La Mecque, Arabie Saoudite; Université Saint-Raphaël, Milan; Université La Sapienza, Rome, Italie] évaluent:

- les apports quotidiens en nitrate NO3-, tels qu’ils ressortent des études scientifiques disponibles,

- et la valeur des méthodes de mesure.

Ils recensent 55 articles, dont 36, soit 87%, concernent les éventuels liens entre les apports en nitrate NO3- et les risques pathologiques.

• Globalement, chez les sujets en bonne santé et atteints d’une affection pathologique, les apports quotidiens moyens en nitrate peuvent être estimés à 108 et 110 mg de NO3- [The median daily nitrate intake in healthy and patient population was 108 and 110 mg/day].

• A propos des méthodes de mesure des apports alimentaires nitratés, six remarques, ou réserves, sont formulées:

1) Le regroupement de certains aliments, les légumes notamment, en une seule entité s’avère discutable, la teneur en nitrate pouvant être très différente d’un légume vert à un autre, de 1 mg NO3- kg-1 par exemple pour le chou de Bruxelles à 4800 mg NO3- kg-1 pour la roquette.

2) Certains questionnaires trop «optimistes» amènent à surestimer les apports en fruits et légumes.

3) La majorité des études épidémiologiques se fient à des concentrations en nitrate publiées dans des articles ou des rapports officiels [The majority of the epidemiological studies included in this review relied on estimates of food nitrate content obtained from various sources such as peer-reviewed articles, official reports from governement bodies or position statements from scientific groups].

4) Certains travaux se fondent même sur des concentrations en nitrate provenant d’autres pays [Some studies used databases from other countries because of the lack of information on nitrate content in their local foods, which could affect the reliability of the results].

5) La majorité des études prennent en compte les teneurs en nitrate des aliments crus, et non pas de ces mêmes aliments en conserve et bouillis.

6) La mesure des concentrations en nitrate des liquides biologiques tels le plasma, la salive et l’urine pourrait éventuellement aider à vérifier la validité de l’estimation des apports alimentaires nitratés. Ceci étant, en raison de la grande variabilité des apports nitratés d’un jour à l’autre, il est probable que la mesure par exemple des concentrations urinaires en nitrate doive alors être effectuée sur de nombreux jours pour apporter véritablement le renseignement souhaité [Given the heterogeneity in food intake and the high variability in nitrate content of foods, it is probable that urine sampling on multiple days would be needed to provide an objective and accurate assessment of long-term typical exposure to dietary nitrate].

En conclusion, vu les réserves ci-dessus exprimées, les auteurs considèrent que dans les articles scientifiques jusqu’ici publiés les estimations des apports alimentaires nitratés sont à considérer comme étant d’une exactitude incertaine [As a consequence, the accuracy of published estimates of nitrate intake remains uncertain].

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