Kapil, V., Khambata, R.S., Jones, D.A., Rathod, K., Primus, C., Massimo, G., Fukuto, J.M. and Ahluwalia, A. (2020) The noncanonical pathway for in vivo nitric oxide generation: The nitrate-nitrite-nitric oxide pathway. Pharmacological reviews 72, 692-766
(suite)
(voir l'abstract et le texte entier ici)
III Source et pharmacocinétique de l’ion nitrite
A jeun, la concentration plasmatique en nitrite est habituellement comprise entre 9 et 23 μg NO2- l-1 (0.2-0.5 μmol l-1). Plus courte que celle de l’ion nitrate, la demi-vie de l’ion nitrite est, dans la circulation sanguine, de 15 à 45 minutes.
A Nitrites d’origine endogène, provenant de la circulation entérosalivaire
Alors que, chez le sujet sain, elle est suivie d’une assez rapide augmentation de la concentration plasmatique en nitrate NO3- dès la 15ème minute, l’ingestion de 496 mg de nitrate NO3- en une seule dose donne lieu à une augmentation plus tardive de la concentration plasmatique en nitrite NO2-. Cette dernière s’élève à partir de la 30ème minute, continuant encore son ascension à la 90ème minute (Lundberg et Govoni, 2004). En raison du cycle entérosalivaire, le pic est obtenu après 2 heures et demie à 3 heures.
Après 3 jours d’une supplémentation nitratée apportant 434 mg de nitrate NO3-, la concentration plasmatique de base en nitrite NO2- augmente en moyenne de 50 % (Weitzberg et Lundberg, 2006).
Si, en cas de supplémentation nitratée, on interrompt le cycle entérosalivaire en crachant sa salive ou en évitant de l’avaler, on n’agit pas sur l’augmentation de la concentration plasmatique en nitrate NO3-. Par contre, on prévient de manière éloquente celle de la concentration plasmatique en nitrite NO2- (Webb et al., 2008). Le même effet s’obtient après l’utilisation d’un bain de bouche antiseptique à la chlorhexidine.
B Nitrites d’origine endogène, provenant de l’activité de la NO synthase
Il est vraisemblable que, chez le sujet sain, 70 % de la concentration plasmatique de base en nitrite NO2- provient de l’activité enzymatique de la NO synthase endothéliale (eNOS).
Chez le sujet à risque cardiovasculaire, on a montré que la concentration plasmatique de base en nitrite NO2- est:
- directement corrélée à la dilatation induite par le flux, mesurée à l’artère brachiale
- inversement corrélée à plusieurs facteurs de risque.
Elle renseigne indirectement sur la qualité de la fonction endothéliale.
C Sources exogènes de nitrite
Les concentrations de nitrite NO2- dans l’eau de boisson sont minimes: habituellement inférieures à 0.1 mg NO2- l-1.
Les nitrites alimentaires proviennent principalement des viandes transformées et de la charcuterie. L’ion nitrite est ajouté à la viande pour qu’il y exerce ses activités de conservateur. Il prévient le développement du Clostridium botulinum. La viande peut ainsi contenir jusqu’à 6.4 mg NO2- kg-1, les légumes n’en contenant, par contre, que des quantités infimes.
En Europe et en Amérique du Nord, les apports alimentaires directs en nitrite sont habituellement compris entre 0.3 et 0.9 mg NO2- par jour (6-20 μmol NO2- j-1).
Les concentrations salivaires de base en nitrite sont de ~ 4.6-13.8 mg NO2- l-1. Estimée à ~ 1.5 l par jour, la déglutition salivaire amène ainsi dans la cavité gastrique ~ 6.9-13.8 mg NO2- par jour (150-300 μmol NO2- j-1).
Les concentrations plasmatiques moyennes en nitrite sont, rappelons-le, de 9-23 mg NO2- l-1 (0.2-0.5 μmol NO2- l-1). Les nitrites salivaires sont à l’origine de 30 % des nitrites plasmatiques.
Dans les conditions basales, l’utilisation régulière d’un bain de bouche antibactérien diminue les concentrations salivaire et plasmatique en nitrite respectivement de 90 et 25 %.
D Absorption systémique de l’ion nitrite
La disparition de l’ion nitrite à partir de l’estomac est rapide. Les taux de nitrite dans l’estomac diminuent de la moitié toutes les dix minutes, davantage en raison de l’absorption vers la circulation qu’en raison d’une réaction chimique in situ ou de la vidange gastrique.
Le mécanisme de l’absorption de l’ion nitrite, depuis le tractus digestif vers la circulation sanguine, est imparfaitement connu. Il s’agit vraisemblablement d’un processus actif.
(A suivre)