Apports en nitrate et œsophage de Barrett

Keszei, A.P., Schouten, L.J., Driessen, A.L.C., Huysentruyt, C.J.R., Keulemans, Y.C.A., Goldbohm, R.A. and van den Brandt, P.A. (2013) Vegetable, fruit and nitrate intake in relation to the risk of Barrett’s oesophagus in a large Dutch cohort. British Journal of Nutrition 2013 Dec 5: 1-11

(voir l'abstract ici)

On nomme «œsophage de Barrett» l’apparition d’une métaplasie du bas-œsophage, par remplacement progressif, dans le bas-œsophage, du tissu normal par un tissu anormal de type intestinal. L’état pathologique peut favoriser l’apparition d’un adénocarcinome œsophagien [Barrett’s oesophagus, a premalignant metaplastic condition of the distal oesophagus, is a precursor of oesophageal adenocarcinoma].

Un certain nombre de facteurs favorisants sont décrits: en priorité le reflux gastro-œsophagien, mais également le sexe masculin, l’origine caucasienne, l’âge, l’obésité, le tabac, autant de facteurs sur lesquels il n’est pas toujours facile d’intervenir, quand ce n’est pas impossible.

Les auteurs néerlandais [Maastricht] cherchent à vérifier si des facteurs favorisants de type alimentaire ne seraient pas susceptibles d’être en cause. Si tel était le cas, des mesures préventives à l’égard de l’adénocarcinome œsophagien deviendraient, en effet, envisageables [The identification of modifiable environmental risk factors of Barrett’s disease, including dietary factors, may help in the formulation of prevention strategies for oesophageal adenocarcinoma].

La cohorte néerlandaise sur laquelle est basée l’étude comprend 120852 sujets, 58279 hommes et 62573 femmes, dont l’âge en 1986 est compris entre 55 à 69 ans. Après 16 ans de recul, 433 cas d’œsophage de Barrett sont diagnostiqués, 241 cas masculins et 192 cas féminins.

Les 433 sujets atteints d’œsophage de Barrett sont soumis à un questionnaire de fréquence alimentaire comportant 150 items. Le questionnaire est destiné à évaluer la consommation en fruits et légumes, ainsi que les apports en nitrate. Le même questionnaire est présenté à 3717 sujets indemnes [1833 hommes et 1884 femmes], servant de témoins.

Pour les apports en nitrate, les résultats obtenus sont, en moyenne, les suivants: 

 

HOMMES

HOMMES

FEMMES

FEMMES

 

Œsophage de Barrett (n=241)

Cas témoins (n=1833)

Œsophage de Barrett (n=192)

Cas témoins (n=1884)

Apports en nitrate NO3- provenant de l’alimentation solide (mg j-1)

95.1

98.8

96.2

96.6

Apports en nitrate NO3- provenant de l’eau de boisson (mg j-1)

1.4

1.2

1.3

1.2

Apports totaux en nitrate NO3- (mg j-1)

96.7

100.4

97.1

97.8

 

Lorsqu’ils analysent les résultats, les auteurs considèrent qu’il existe une corrélation inverse, chez l’homme, entre les apports globaux en nitrate et le risque d’apparition de l’œsophage de Barrett, tandis que, chez la femme, l’association serait positive [In men, an inverse association with nitrate intake was observed, but not with nitrate intake from water sources. In women, nitrate intake was positively associated with Barrett’s disease risk].

Commentaire du blog

Si l’on prend en considération les données chiffrées du tableau ci-dessus, on constate que les sujets atteints d’œsophage de Barrett, quel que soit leur sexe, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, consomment quotidiennement moins de nitrate alimentaire que les sujets témoins. Dans ces conditions, il est difficile de comprendre comment les auteurs peuvent conclure à une association statistique positive, chez la femme, entre les apports en nitrate et le risque d’apparition de l’œsophage de Barrett.

Ceci étant, ce genre d’étude mérite d’être envisagé avec prudence. La fiabilité des questionnaires alimentaires est, on le sait, sujette à caution.

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