Nitrates et alimentation infantile

Davin, L., Van Egroo, L.-D. et Galestre, N. (2011) Aliments industriels de diversification: une exigence de sécurité. Manufactured baby food: safety expectation. Archives de Pédiatrie 17, S220-S224.

(voir l'abstract ici)

Le responsable et le directeur des Affaires Médicales de la Société Blédina [Groupe Danone], ainsi que le responsable de la sécurité des aliments de l’entreprise, font part de quelques observations concernant la réglementation européenne sur les aliments infantiles.

Ils attirent l’attention sur le renforcement du niveau d’exigence appliqué aux aliments destinés aux enfants de moins de 3 ans.

Dans un tableau, ils comparent, pour diverses substances, les teneurs maximales que la Communauté européenne autorise, en 2006, dans l’alimentation infantile, à celles qu’elle autorise dans l’alimentation adulte courante.

Dans l’alimentation infantile, les teneurs maximales autorisées sont ainsi 2, 2.5, 2.5 à 5, 3.75, 6, 20 et 5000 fois moins importantes dans l’alimentation infantile que dans l’alimentation adulte pour, respectivement, les benzo(a)pyrènes, le zéaralénone, la patuline, le déoxynivalénol, l’ochratoxine A, les aflatoxines B1 et les pesticides.

Concernant les nitrates, en 2006, la teneur maximale autorisée par la Communauté européenne est de 200 mg NO3- kg-1 dans l’alimentation infantile, de 2500 mg NO3- kg-1 pour les épinards destinés à l’alimentation adulte.

Il en résulte que la teneur maximale de nitrates que la Communauté européenne autorise s’avère 12.5 fois moins importante pour l’alimentation infantile que pour l’alimentation adulte. Selon la Communauté européenne, la production biologique, dite «bio», est «un système global de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleurs pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production respectant la préférence de certains consommateurs à l’égard de produits obtenus grâce à des substances et à des procédés naturels

Les auteurs font remarquer que l’agriculture biologique est ainsi basée sur une «exigence de moyens», alors qu’«à l’inverse, les pratiques agriculturales pour produire les matières premières utilisées en nutrition infantile sont basées sur une obligation de résultats».

Commentaire du blog

Les auteurs comparent la teneur maximale autorisée pour l’alimentation infantile à celle qui est autorisée pour les épinards destinés à l’alimentation adulte.

Ils auraient pu comparer la teneur maximale autorisée pour l’alimentation infantile à celle qui est toujours affectée à l’eau de boisson: 50 mg NO3- l-1. Le rapport n’aurait pas été le même: non pas 12.5 mais 0.25. On rappellera que cette concentration maximale pour l’eau de boisson est dénuée de base scientifique.

On aurait aimé que les auteurs nous donnent les teneurs en nitrate des aliments pour bébés commercialisés par l’entreprise Blédina. En 2004, Dusdieker et coll. rapportaient, dans des petits pots pour bébés à base de betterave vendus aux Etats-Unis dans l’Etat de l’Iowa, des taux moyens en nitrates de 2200 mg NO3- kg-1. Ces fortes teneurs en nitrates dans les petits pots pour bébés à base de betterave sont-ils une particularité américaine? Ou, alors qu’ils ont toujours été inoffensifs, les petits pots pour bébés à base de betterave ont-ils tous, aux Etats-Unis comme ailleurs, de hautes teneurs en nitrate? .

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