Nitrates et sportif d’endurance de haut niveau

Jones, A.M. (2014) Influence of dietary nitrate on the physiological determinants of exercise performance: a critical review. Applied Physiology, Nutrition and Metabolism 39, 1019-1028

(voir l'abstract ici)

Dans un précédent article, l’auteur britannique [Université d’Exeter, Royaume-Uni] présentait un travail synthétique consacré à l’effet de la supplémentation en nitrate sur la performance physique (Cf. rubrique du 10 octobre 2014). Dans une revue de physiologie canadienne, il présente un nouveau travail sur le sujet.

Comme il le disait, certaines études ne réussissent pas à mettre en évidence un effet bénéfique de la supplémentation en nitrate sur la performance sportive lorsque l’athlète d’endurance est fortement entraîné. L’auteur se penche maintenant plus précisément sur la question.

Plusieurs raisons expliquent que, sur la performance sportive, la supplémentation en nitrate s’avère moins efficace chez l’athlète hautement entraîné que chez le sujet moins entraîné [There are many reasons why nitrate supplementation should not be effective, or should be considerably less effective, in highly trained athletes compared with their recreational conterparts].

1) On sait que les ions nitrite NO2- sont réduits en oxyde nitrique NO

- en condition d’hypoxie

- et/ou en cas de diminution d’activité de la NO synthase.

L’entraînement physique provoque à la fois

- une augmentation significative de la capillarité musculaire

- et une augmentation de l’activité de la NO synthase.

2) Les nitrates amélioreraient davantage les fonctions métaboliques et vasculaires des fibres musculaires de type II que celles des fibres musculaires de type I. Or il semble bien que les athlètes d’endurance hautement entraînés aient de plus fortes proportions de fibres musculaires de type I.

3) L’entraînement sportif active la voie de la NO synthase. De ce fait, il élève les concentrations plasmatiques en nitrate NO3- et en nitrite NO2-. Les concentrations plasmatiques en nitrite NO2- à jeun sont connues pour être plus élevées chez l’athlète bien entraîné que chez le sujet moins physiquement actif.

En raison d’une dépense quotidienne d’énergie majorée, on peut aussi supposer que l’athlète hautement entraîné consomme de plus grandes quantités de nitrates alimentaires [Assuming the consumption of a mixed diet, the large daily energy expenditure of athletes likely results in a greater consumption of dietary nitrate].

Ainsi, en raison d’une synthèse endogène et d’une ingestion en nitrate toutes deux accrues, les réserves en nitrate et nitrite de l’athlète fortement entraîné sont plus que suffisantes. Dès lors, on peut supposer que des apports supplémentaires en nitrate s’avèrent superflus [Greater endogenous production of nitrite alongside greater consumption of dietary nitrate may mean that athletes have sufficient nitrate and nitrite stores such that additional intake may not be effective]

***

Au total,

▪ chez l’athlète hautement entraîné, il est vraisemblable que la supplémentation en nitrate la moins efficace se produit lorsque l’effort est:

- de longue durée (supérieure à 30 à 40 minutes)

- et d’intensité relativement faible.

Dans ce cas, l’activité de la NO synthase n’est pas altérée, les muscles squelettiques restent bien oxygénés.

▪ chez l’athlète hautement entraîné, il est vraisemblable la supplémentation en nitrate la plus efficace se produit, au contraire, lorsque l’effort:

- est de forte intensité

- et concerne des fibres musculaires de type II.

A cet égard, il est intéressant de constater que la supplémentation en nitrate apparaît plus efficace dans des sports faisant intervenir les membres supérieurs comme l’aviron et le kayak (Cf. rubrique du 1er octobre 2014) que dans des sports qui ne les font pas intervenir, tels la course et le cyclisme [In this regard, it is interesting that nitrate supplementation appears to be more effective in exercise modalities in which the arms are utilised, such as rowing and kayaking than in cycling and running].

***

L’auteur fait également deux remarques:

1) Chez l’athlète de haut niveau, l’amélioration exercée par une supplémentation en nitrate sur la performance sportive d’endurance semble ne pas dépasser, dans l’ensemble, un facteur de 0.5 à 1 %. Bien que faible, une telle amélioration n’est pas négligeable pour l’athlète de compétition. Vu la précision relative des mesures, elle est cependant difficile à authentifier [It should also be emphasised that any possible performance benefits of nitrate supplementation in élite athletes are likely to be no larger than 0.5%-1.0%. While this would be of considerable importance to athletes in competition, this is well within the measurement error of laboratory and field-based exercise performance tests, making it difficult to ascertain benefit should it exist].

2) Les craintes sanitaires suscitées autrefois par les nitrates alimentaires appartiennent au passé. Les travaux scientifiques modernes montrent, à l’inverse, que les nitrates alimentaires sont bénéfiques pour la santé générale de la population, plus particulièrement pour sa santé cardiovasculaire [Historically, nitrate and nitrite have been considered to be potentially harmful to human health but recent evidence has countermanded this and instead indicates that nitrate promotes cardiovascular health].

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