Discussion anglo-américaine

Piknova, B. and Schechter, A.N. (2012) Comments on Vascular effects of dietary nitrate (as found in green leafy vegetables and beetroot) via the nitrate-nitrite-nitric oxide pathway. British Journal of Clinical Pharmacology. Sous presse.

Webb, A.J. and Lidder, S. (2012) Reply to Comments on Vascular effects of dietary nitrate (as found in green leafy vegetables and beetroot) via the nitrate-nitrite-nitric oxide pathway. British Journal of Clinical Pharmacology. Sous presse.

(voir les abstracts ici et )

Dans une publication récente, deux auteurs britanniques du St. Thomas’ Hospital de Londres, S. Lidder et A. Webb, rédigeaient un article de synthèse consacré aux nitrates alimentaires et à la voie métabolique Nitrate-Nitrite-Oxyde nitrique [NO] [rubrique du 22 octobre 2012].

L’article a suscité une discussion scientifique entre les auteurs et deux scientifiques américains: B. Piknova et A.N. Schechter [National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK), National Institutes of Health (NIH), Bethesda, Maryland, USA].

La discussion porte sur deux points:

- l’effet de l’ion nitrite sur la fonction plaquettaire

- le rôle de nitrite réductase éventuellement attribué à la neuroglobine et à la cytoglobine

1) Dans leur article, Lidder et Webb rappelaient que, chez le volontaire sain, l’ingestion de 124 mg de nitrate NO3- inhibe l’agrégation plaquettaire [Studies in healthy volunteers showed that oral potassium nitrate (2 mmol: equivalent to half a British flat lettuce) inhibited platelet aggregation]. Apparemment, selon eux, une telle inhibition de l’agrégation plaquettaire devait faire davantage intervenir la formation de nitrosothiols que celle d’ions nitrite. Un travail publié en 2005 ne constatait, en effet, chez le rat, aucun effet véritable des ions nitrite sur l’agrégation plaquettaire.

Piknova et Schechter contestent une telle affirmation. Comme ils l’ont eux-mêmes, montré, dans un travail collectif récent (référence ci-dessous, en fin de rubrique), si elle n’exerce pas d’effet inhibiteur sur l’agrégation des plaquettes lorsque ces dernières sont seulement situées dans du plasma, l’administration d’ions nitrite l’exerce véritablement lorsque, comme dans le sang, elles sont en présence de globules rouges, et de plus en situation hypoxique [We recently reported that this is correct when only platelet rich plasma or similar pure platelet preparations are used. However, we showed that addition of red blood cells to such preparations combined with hypoxia had significant effect on platelet function – inhibition of platelet aggregation was observed upon nitrite addition].

2) Dans leur article, s’appuyant sur plusieurs publications (Petersen et coll., 2008; Tiso et coll., 2011), Lidder et Webb incluaient la neuroglobine et la cytoglobine parmi les nitrite réductases.

La neuroglobine est une globine de stockage et de transport de l'oxygène située dans le système nerveux. Ubiquitaire, la cytoglobine est, par contre, exprimée dans la totalité des types cellulaires de l'organisme.

Piknova et Schechter font remarquer que les études citées par les auteurs britanniques sont menées dans des conditions extra-physiologiques. Les concentrations en ions nitrite sont alors très élevées, et les réactions ont lieu en anaérobiose [All cited papers used nonphysiological conditions to achieve this goal – high nitrite concentrations and reactions carried anaerobically]. Ils considèrent que ni la neuroglobine ni la cytoglobine n’agissent véritablement comme nitrite réductases dans les conditions physiologiques rencontrées dans l’organisme [For these reasons, together with the low abundance of neuroglobin and cytoglobin, we believe that their function as hypoxia-induced nitrite reductases is very unlikely].

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La réponse de A.Webb et S. Lidder [St. Thomas’ Hospital, Londres], va tout à fait dans le sens des auteurs américains.

N’en ayant pas eu connaissance en temps utile, ils regrettent de ne pas avoir signalé le travail des auteurs du National Institutes of Health [NIH, Bethesda].

1) Ils acceptent d’autant mieux l’effet de l‘ion nitrite sur l’agrégation plaquettaire que c’est un article de Webb et coll. qui démontrait, en 2008, le rôle de la circulation entérosalivaire dans l’inhibition nitrato-induite de l’agrégation plaquettaire (voir l’une des deux références ci-dessous). L’administration de jus de betterave riche en nitrate inhibe l’agrégation plaquettaire. L’effet disparaît si, par la suite, le sujet crache régulièrement sa salive. C’est bien que l’ion nitrite salivaire constitue un chaînon indispensable [The discovery that nitrite inhibited platelet aggregation and accounted for the antiplatelet effect of dietary nitrate was made through our «spitting experiments», which interrupted the conversion of nitrate (derived from beetroot juice) to nitrite via the enterosalivary circulation, blocking both the rise in plasma nitrite and the inhibition of platelet aggregation].

2) Ils acceptent leurs remarques sur la neuroglobine et la cytoglobine [We agree that, in the context of the vascular effects of dietary nitrate, it seems unlikely that neuroglobulin and cytoglobulin are major enzymes regulating the nitrate-nitrite-NO pathway under normal physiological conditions]

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Srihirun, S., Sriwantana, T., Unchern, S., Kittikool, D., Noulsri, E., Pattanapanvasat, K., Fucharoen, S., Piknova, B., Schechter, A.N. and Sibmooh, N. (2012) Platelet inhibition by nitrite is dependent on erythrocytes and deoxygenation. PLOS One; 7 (1):e30380.

Webb, A.J., Patel, N., Loukogeorgakis, S., Okorie, M., Aboud, Z., Misra, S., Rashid, R., Miall, P., Deanfield, J., Benjamin, N., MacAllister, R., Hobbs, A.J. and Ahluwalia, A. (2008) Acute blood pressure lowering, vasoprotective, and antiplatelet properties of dietary nitrate via bioconversion to nitrite. Hypertension 51, 784-790

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