Inhalation en oxyde nitrique NO et COVID-19


A la suite d’études effectuées il y a quelques années, il est légitime de se demander si l’infection à coronavirus COVID-19 (coronavirus disease 2019) ne pourrait pas bénéficier, lorsqu’elle est à l’origine de complications pulmonaires sévères, d’un traitement par inhalation en oxyde nitrique NO.


Lors de l’épidémie à coronavirus (SARS-CoV) qui eut lieu en 2003, plusieurs constatations ont été faites, puis communiquées:


1) In vitro, on a montré que:


- a) l’oxyde nitrique NO a un effet inhibiteur sur le cycle de réplication du coronavirus (SARS-CoV) de 2003 [Akerstrom, J. et al., 2005),


-b) un composé donneur d’oxyde nitrique NO, la S-nitroso-N-acétylpénicillamine (SNAP), augmente fortement le taux de survie des cellules infectées par le coronavirus de 2003 (SARS-CoV) [Keyaerts, E. et al., 2004].


2) In vivo, au cours de l’épidémie du SRAS de 2003, chez des patients souffrant du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), on a comparé le devenir:

- de 6 patients traités par inhalation d’oxyde nitrique NO,

- à celui de 8 sujets contrôles.


L’inhalation d’oxyde nitrique NO:

- améliorait l’oxygénation artérielle,

- réduisait les besoins en oxygène et en ventilation,

- contribuait à réduire l’étendue et la densité des infiltrats pulmonaires radiologiquement visibles,

- sans effet rebond à l’arrêt (Chen, L. et al., 2004).


Ces données recueillies en 2003 sont, certes, partielles. Vu l’importance et la gravité de la pandémie actuelle à coronavirus COVID-19 (coronavirus disease 2019), il serait cependant mal venu de les ignorer.


Ainsi:


1) Une entreprise de produit pharmaceutique basée à Dublin, en Irlande, la société Mallinckrodt, a récemment soumis :

- à la Food and Drug Administration [FDA],

- aux National Institutes of Health [NIH],

- et à la Biomedical Advanced Research and Development Authority [BARDA],

l’idée de mettre en œuvre des études spécifiques sur l’effet de l’inhalation d’oxyde nitrique NO à l’égard de l’infection à COVID-19 avec complications pulmonaires.


(voir ici)


2) On apprend surtout qu’une étude en cours dénommée NOSARCOVID, provenant de l’hôpital de Xijing, effectuée en collaboration avec des praticiens du Massachusetts General Hospital, vient d’être inscrite dans le registre des essais cliniques de la Bibliothèque Nationale de Médecine des États-Unis [US National Library of Medicine].


Cette étude clinique sera randomisée. Les patients du groupe contrôle recevront le traitement standard. Les patients du groupe NO recevront, en outre, dans leur air inspiré, de l’oxyde nitrique NO à la concentration de 80 parties par millions (ppm) pendant les 48 premières heures. La concentration en oxyde nitrique NO de l’air inspiré sera ensuite réduite jusqu’à 40 ppm et maintenue, du moins tant que persistera une hypoxie sévère. L’arrêt de l’inhalation en oxyde nitrique NO sera par contre envisagé lorsque le rapport: pression partielle de l’oxygène/fraction inspirée en oxygène PaO2/FiO2 et la saturation «pulsée» en oxygène SpO2 dépasseront à nouveau et respectivement 300 et 93 %.


L’étude a commencé le 1er mars 2020. Il est prévu que les résultats définitifs n’en soient connus que le 1er mars 2022, dans deux ans.


(voir ici)


On comprendra, mais on le regrettera, qu’il faille attendre deux ans pour avoir une réponse scientifiquement solide à la question posée.


Mais, durant la pandémie actuelle, avant que la réponse n’arrive, quand ils sont en présence d’une évolution clinique extrêmement critique échappant aux moyens ordinaires, les réanimateurs de notre pays n’auraient-ils pas au moins la possibilité (ou l’autorisation) de recourir à de telles inhalations d’oxyde nitrique ?



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