Bactéries orales nitrato-réductrices et tendance diabétique

Goh, C.E., Trinh, P., Colombo, P.C., Genkinger, J.M., Mathema, B., Uhlemann, A.-C., LeDuc, C., Leibel, R., Rosenbaum, M., Paster, B.J., Desvarieux, M., Papapanou, P., Jacobs Jr, D.R. and Demmer, R.T. (2019) Association between nitrate-reducing oral bacteria and cardiometabolic outcomes: results from ORIGINS. Journal of the American Heart Association DOI: 10.1161/JAHA.119.013324

(voir l'abstract et le texte entier ici)

 

Une équipe multicentrique [Université de Singapour; Université Columbia, État de New York, USA; École de médecine dentaire de Harvard, Boston, Massachusetts, USA ; INSERM, Paris Sorbonne] cherche à préciser s’il existe un lien entre l’abondance des bactéries nitrato-réductrices dans la cavité buccale et la tendance diabétique.


Dans une étude qui porte le nom d’ORIGINS [pour Oral Infections, Glucose Intolerance, and Insulin Resistance Study], les auteurs recrutent 300 sujets non-diabétiques âgés de 20 à 55 ans, ayant tous une glycémie à jeun inférieure à 126 g/l et un taux d’hémoglobine glyquée inférieur à 6.5 %. Des prélèvements bactériens sont effectués à l’aide d’une curette stérile en regard de la plaque sous-gingivale d’une molaire postérieure inférieure gauche. Après séquençage, il est alors possible d’évaluer chez chaque sujet, sur le site de prélèvement, l’abondance relative de 20 taxons bactériens considérés a priori, sur la foi de travaux antérieurs [Doel et coll., 2005; Hyde et coll., 2014], comme nitrato-réducteurs.


Par ordre de fréquence décroissante dans les prélèvements, les 20 taxons nitrato-réducteurs retenus sont: Rothia dentocariosa, Corynebacterium matruchotii, Veilonella parvula, Haemophilus parainfluenzae, Corynebacterium durum, Actinomyces naeslundii, Rothia mucilaginosa, Veilonella atypica, Prevotella melaninogenica, Selonomonas noxia, Neisseria flavescens, Capnocytophaga sputinega, Eikenella corrodens, Veillonella dispar, Prevotella salivae, Actinomyces odontolyticus, Actinomyces viscosus, Neisseria subflava, Neisseria sicca et Propionibacterium acnes.


Le plus fréquent des germes nitrato-reducteurs individualisés chez les sujets de l’étude est Rothia dentocariosa: 7.9 % Le moins fréquent est Propionibacterium acnes: 0.0002 %. Au total, dans les prélèvement effectués, ces germes nitrato-réducteurs représentent, en moyenne, 20 % de l’ensemble de la population bactérienne, avec des pourcentages variables selon les sujets de 0.09 à 86 % [Participants had a mean total relative abundance of nitrate-reducing taxa of 20 % (range: 0.09 %-86 %)].


Les auteurs comparent l’abondance de la population bactérienne nitrato-réductrice sur ce site buccal avec la glycémie, la résistance à l’insuline, la tension artérielle systolique et la tension artérielle diastolique.


L’étude statistique mise en place leur permet d’observer que, chez les sujets, une plus forte abondance relative en germes nitrato-réducteurs sur le site choisi est corrélée:

- à une plus faible glycémie,

- à une plus faible résistance à l’insuline,

- (et à une plus faible tension artérielle systolique, seulement cependant dans un contexte normotensif)

[A higher relative abundance of oral nitrate-reducing bacteria was associated with lower insulin resitance and plasma glucose in the full cohort, and with mean systolic blood pressure in participants with normotension].


Comme le disent les auteurs, leur étude est l’une des premières à tester l’influence que, dans le cadre de la circulation entérosalivaire des nitrates, l’abondance de la population bactérienne nitrato-réductrice de la cavité buccale peut exercer sur une maladie métabolique comme le diabète de type 2 [This is one of the first studies to directly test the hypothesis of a priori-identified nitrate-reducing oral bacteria affecting cardiometabolic outcomes]. D’autres études sur le sujet restent nécessaires.


Commentaire du blog


Il aurait été intéressant de savoir:


- si, chez un même sujet, l’abondance des germes nitrato-réducteurs est identique et homogène sur tous les sites juxta-dentaires ou si elle est, au contraire, très différente d’un site à l’autre,


- si un lien statistique unit l’abondance des germes nitrato-réducteurs sur le site buccal choisi et la concentration en nitrite NO2- de la salive.


On retiendra que, dans cette étude portant sur un site de la cavité buccale, les germes nitrato-réducteurs ont représenté 20 % en moyenne de l’ensemble de la population bactérienne.

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