Les précurseurs d’oxyde nitrique chez les sportifs

Petroczi, A. and Naughton, D.P. (2010) Potentially fatal new trend in performance enhancement : a cautionary note on nitrite. Journal of the International Society of Sports Nutrition, 7:25

(voir le texte entier ici)

Des apports exogènes accrus en nitrates contribuent, on le sait, à améliorer la performance physique. Lors de l’effort, ils permettent à la fois une épargne en phosphocréatine musculaire et une moindre consommation en oxygène (rubriques du 04 12 2009 et du 15 06 2010).

Cette notion commence à se répandre dans les milieux sportifs. Les auteurs britanniques, qui travaillent à l’Ecole des Sciences de la Vie [School of Life Sciences] de Kingston University, à Londres, en font la constatation.

A la disposition des athlètes britanniques et de leurs accompagnateurs (entraîneurs, médecins, professeurs, parents), la Drug Information DatabaseTM (DIDTM) fournit toute information souhaitée sur le statut des médicaments dans le cadre de la compétition sportive. Elle reçoit ainsi, de manière anonyme, 9000 demandes de renseignements par mois.

Consultant cette banque de données, les auteurs s’intéressent aux demandes de renseignements ayant concerné, entre janvier 2006 et juin 2008, les précurseurs d’oxyde nitrique, c’est-à-dire les nitrates (organiques), l’oxyde nitrique, le NO2R et le NO-XplodeR.

Les demandes de renseignements sur les précurseurs d’oxyde nitrique représentent ainsi 2.6% de l’ensemble des demandes en 2006, 4.6% en 2007 et, à l’approche des Jeux Olympiques de Pékin, en 2008, 6.5%. L’augmentation est nette et régulière.

Les auteurs s’inquiètent de l’intérêt que commencent à susciter ces molécules dans les milieux sportifs. Ils considèrent que les avantages et inconvénients au long terme des ions nitrite NO2-  restent à élucider, encore que le Martindale [Martindale: the Extra Pharmacopoeia] signale avec eux des effets secondaires sérieux tels des convulsions, des collapsus vasculaires, des comas et des décès [The long term benefits and risks of nitrite therapy have yet to be elucidated although Martindale:The Extra Pharmacopoeia lists the serious side effects as convulsions, cardiovascular collapse, coma and death].

Ils émettent donc des réserves vis-à-vis de l’emploi des précurseurs d’oxyde nitrique en milieu sportif [Its promotion among athletes as a performance enhancing supplement is ethically and medically questionable].

Commentaires du blog

Quel que soit l’âge du sujet et, exception remarquable à la règle de Paracelse selon laquelle seule la dose fait le poison, quelle que soit la dose ingérée, les ions nitrate NO3- ne sont à l’origine d’aucun effet secondaire aigu ou chronique, réellement avéré et répertorié.

Par contre, avant l’âge de six mois, les ions nitrite NO2- sont réellement dangereux, la méthémoglobine-réductase n’ayant pas, jusqu’à cet âge, atteint sa pleine activité. Chez le nourrisson, ils peuvent déclencher une méthémoglobinémie.

Après l’âge de six mois, il en va tout différemment. Il faut alors des doses majeures en ions nitrite NO2- pour déclencher des symptômes. L’expérience de Kiese et Weger (1969) est classique. Kiese et Weger injectent par voie intraveineuse 186 mg de NO2- à six adultes, 560 mg de NO2- à un septième. L’injection de 186 mg ne déclenche qu’une faible méthémoglobinémie: 7% à la trentième minute, celle de 560mg, une méthémoglobinémie plus marquée: 30% à la soixantième minute. Cliniquement, ces injections ne sont à l’origine que d’une légère hypotension, avec tachycardie, au cours des quinze premières minutes, sans aucune séquelle.

Hunault et coll. (2009) demandent à neuf adultes sains volontaires d’ingérer des doses de nitrites comprises entre 93 et 126 mg et entre 193 et 253 mg. Les ingestions sont suivies de quelques nausées et céphalées transitoires, d’une discrète hypotension, d’une élévation modérée et transitoire du taux de méthémoglobine, respectivement autour de 4 et 10% (rubrique du 05 janvier 2010).

Per os, quoique diversement évaluée, la dose mortelle de nitrite chez l’adulte est, en réalité, considérable: entre 1 670 et 15 000 mg  de NO2-.

De telles considérations chiffrées devraient modérer ou relativiser la crainte exprimée par les auteurs.    

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