Algues et ions nitrate dans les sources de Floride

Heffernan, J.B., Liebowitz, D.M., Frazer, T.K., Evans, J.M. and Cohen, M.J. (2010) Algal blooms and the nitrogen-enrichment hypothesis in Florida springs: evidence, alternatives, and adaptive management. Ecological Applications 20, 816-829.

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Les sources naturelles artésiennes sont nombreuses au nord et au centre de la Floride. Leur densité est parmi les plus importantes au monde: on en recense plus de 700. Elles ont parfois un très fort débit: entre 0.28 et 2.8 m3/s chez 191, plus de 2.8 m3/s chez 33 d’entre elles. Situées au milieu de parcs, beaucoup constituent des attractions touristiques. La plus célèbre est, sans doute, Silver Springs dans le Marion County.

Au milieu des années 1980, puis au cours des années 1990, il devint habituel d’observer dans ces sources de Floride la présence de macroalgues benthiques. En 1999, le Florida Department of Environmental Protection (FDEP) chargea la Florida Springs Task Force (FSTF) de déterminer les causes du «déclin» environnemental et, pour y remédier, de déterminer les solutions les plus appropriées. Par analogie avec des principes élaborés pour d’autres systèmes aquatiques, la FSTF incrimina l’enrichissement de l’eau de source en ions nitrate NO3-, sans prêter une réelle attention aux autres mécanismes éventuellement en cause.

Pour plusieurs raisons, les auteurs (Gainesville, Université de Floride, USA), contestent l’hypothèse officielle.

1) La concentration en nitrates NO3- des eaux de source, en Floride, s’est certes accrue au cours des trente dernières années. En 2000, selon les sources, elle s’échelonnait entre 3 et 20 mg NO3- l-1, alors que, vers les années 1970, elle ne dépassait guère 5 mg NO3- l-1. Mais on n’enregistre aucune corrélation statistique entre l’abondance algale et la concentration de l’eau en nitrates.

2) Les tapis d’algues sont habituellement confinés dans les 250 premiers mètres du cours d’eau, alors que les teneurs en nitrates restent identiques sur plusieurs kilomètres.

3) L’apparition du tapis d’algues ne survient pas en même temps que l’élévation des teneurs en nitrates. Elle la suit souvent de plus de dix ans.

4) Quand elle a pu être réalisée, la réduction des teneurs en nutriments azotés des eaux de source est apparue insuffisante pour réduire l’abondance algale [Even the most favorable interpretation of available evidence indicates that N reduction alone may be insufficient to reduce algal abondance].

Les auteurs considèrent qu’en fait d’autres facteurs mériteraient d’être pris en compte. Les forces physiques en jeu, notamment l’importance des flux, peuvent, en effet, jouer un rôle dans l’abondance et la distribution algales. Bien que l’herbivorie dans les sources n’ait été, jusqu’à présent, que peu étudiée, certains travaux suggèrent que les invertébrés brouteurs [invertebrate grazers] puissent également influencer l’abondance et la productivité algales ((Knight, 1980; Dormsjo, 2007). Enfin, il semble qu’au cours des trente dernières années la concentration d’oxygène dissous ait nettement diminué dans nombre de sources de Floride. En moyenne, de 1972 à 2002, elle serait passée de 3.03 à 2.00 mg/l. Entre autres conséquences, l’hypoxie pourrait réduire la densité de population des invertébrés, des insectes, des poissons, et réduire le broutage.

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