Jus de betterave, nitrate, pH salivaire, carie dentaire

Hohensinn, B., Haselgrübler, R., Müller, U., Stradlbauer, V., Lanzerstorfer, P., Lirk, G., Höglinger, O. and Weghuber, J. (2016) Sustaining elevated levels of nitrite in the oral cavity through consumption of nitrate-rich beetroot juice in young healthy adults reduces salivary pH. Nitric Oxide 60, 10-15

(voir le texte entier ici)

La carie dentaire, qui peut survenir dès l’enfance, est l’affection la plus fréquente de la cavité buccale. L’érosion de l’émail dentaire qui en est à l’origine fait suite à la persistance d’une acidité locale. Une réduction du pH salivaire au-dessous de 5.5 favorise, en effet, une déminéralisation de la surface dentaire.

Mises en présence de glucides d’origine alimentaire, certaines bactéries de la plaque dentaire, notamment Streptococcus mutans et certains lactobacilles, ont pour particularité, en les transformant, de faire apparaître des produits acides tels les acides lactique et acétique.

[Dental caries, which is the most common disease within the oral cavity and particularly found in children, is mainly caused by an acid erosion of tooth enamel resulting from the fermentation of dietary carbohydrates by pathogenic oral bacteria such as Streptococcus mutans and Lactobacillus spp. These cariogenic bacterial species produce strong acids such as lactic and acetic acid, which lead to the reduction of the salivary pH below the critical value of 5.5, and a subsequent demineralization of tooth surface].

Il y a une quinzaine d’années, des études in vitro montraient qu’en milieu acide et par l’intermédiaire de l’oxyde nitrique NO, l’ion nitrite NO2- exerce un effet antibactérien; d’où une augmentation locale du pH [In vitro studies have demonstrated that NO2- significantly inhibits bacterial acid production by exerting bactericidal effects on cariogenic bacteria through the formation of antimicrobial NO from NO2- under acidic condtions, which results in a subsequent increase of the pH]. Les auteurs autrichiens [Wels, Hagenberg] se proposent de vérifier l’effet in vivo.

46 sujets des deux sexes, âgés de 18 à 35 ans, en bonne santé, participent à une étude randomisée en simple aveugle. Pendant 14 jours, ils ingèrent chaque jour le matin

- soit 100 ml d’un jus de betterave concentré [fitRABBIT] apportant 400 mg de nitrate NO3-,

- soit un placebo n’apportant que 2 mg de nitrate NO3-.

Suivent quatre semaines d’observation sans aucune ingestion de nitrate.

Des prélèvements de salive sont effectués avant les ingestions puis aux contrôles des 8ème, 15ème, 28ème et 42ème jours le matin à jeun avant le brossage des dents et toute ingestion. Sont mesurés les teneurs salivaires en nitrate NO3-, en nitrite NO2-, en oxyde nitrique NO ainsi que le pH salivaire.

Les résultats sont, en moyenne, les suivants:

 

 

J0

J8

J15

J28

J42

Teneur salivaire en nitrate NO3-

(mg l-1)

Groupe fitRABBIT

30.2

83.3

69.1

48

66.6

 

Groupe placebo

30.2

38.6

39.9

36.5

37.0

Teneur salivaire en nitrite NO2-

(mg l-1)

Groupe fitRABBIT

4.7

5.7

7.6

6.2

5.7

 

Groupe placebo

4.7

3.8

3.3

4.1

3.8

pH salivaire

Groupe fitRABBIT

7.0

7.5

7.5

7.4

7.3

 

Groupe placebo

7.0

7.1

7.1

7.2

7.1

Au moyen du Berkeley Test [Cf. rubriques du 15 juin 2013 et du 19 juin 2015], les teneurs salivaires en oxyde nitrique NO sont évaluées deux fois par jour, deux heures après les ingestions puis le soir entre 18 et 20 heures.

Comme le montre le tableau ci-dessus, la consommation quotidienne pendant 14 jours de 400 mg de nitrate NO3- sous la forme d’un jus de betterave concentré fitRABBIT élève les teneurs salivaires en nitrate NO3-, en nitrite NO2-, ainsi que le pH salivaire. De même, comme le Berkeley Test le vérifie, elle élève significativement la teneur en oxyde nitrique NO de la deuxième heure: 100-200 µM, versus 30 µM en moyenne dans le groupe placebo.

En conclusion, pour les auteurs autrichiens, ces données confirment que, chez l’homme, la consommation régulière de jus de betterave riche en nitrate NO3- exerce un effet bénéfique sur la santé buccodentaire, car il prévient l’acidification de la salive et protège de la carie dentaire.

[Our results show that, in comparison to a placebo group, consumption of beetroot juice that contains 4000 mg/L NO3- results in elevated levels of salivary nitrate nitrite NO2- and NO. Furthermore, we determined an increase of the mean pH of saliva from 7.0 to 7.5, confirming the anti-cariogenic effect of the used NO3--rich beetroot juice. Taken together, we have found that NO3--rich beetroot juice holds potential effects against dental caries by preventing acidification of human saliva].

Certes, disent les auteurs, le jus de betterave est riche en sucre. On pourrait craindre, de ce fait, qu’il ait un effet délétère sur la santé dentaire. Mais la conversion dans la salive de l’ion nitrate NO3- en ion nitrite NO2-, puis, en milieu acide, celle de l’ion nitrite NO2- en oxyde nitrique NO, ont finalement un effet antimicrobien prédominant [In view of the high sugar content of beetroot juice, a potential source of bacterial nutrition, our findings might appear contradictory. However, we concluded that the bioconverion of NO3- to NO2- via NO3- reduction coupled by an acidic environment drives antimicrobial activity outweighing the sugar source].

Selon les auteurs autrichiens, le jus de betterave mériterait d’être incorporé dans des programmes de santé buccale, associé à des contrôles réguliers, par bandelette, de la teneur salivaire en oxyde nitrique NO [[…] High potency beetroot juice should be incorporated into one’s oral health program as regulated by intra-daily readings with salivary NO test strips]. 

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