Nitrates alimentaires, fonction endothéliale, tension artérielle

d’El-Rei, J., Cunha, A.R., Trindade, M. and Neves, M.F. (2016) Beneficial effects of dietary nitrate on endothelial function and blood pressure levels. International Journal of Hypertension. 2016:6791519. doi: 10.1155/2016/6791519.

(voir le texte entier ici)

On sait qu’associées à une hygiène de vie satisfaisante de bonnes pratiques nutritionnelles jouent un rôle majeur dans la prévention de l’hypertension artérielle. Comme les traitements médicamenteux, elles réduisent le risque d’apparition des complications cardiovasculaires [Nutritional interventions associated with changes in lifestyle are recognized as important strategies for primary prevention of hypertension and are auxiliary to pharmacological therapies to reduce cardiovascular risk].

On sait, en particulier, que la consommation de légumes réduit la pression artérielle et le risque d’apparition des maladies cardiovasculaires. A l’encontre de la maladie hypertensive, le régime DASH [Dietary Approach to Stop Hypertension], par exemple, constitue l’un des moyens préventifs les plus efficaces à la disposition du corps médical, en même temps qu’un moyen curatif non médicamenteux [Epidemiological evidences suggest that vegetable consumption reduces blood pressure and risk of cardiovascular disease. DASH (Dietary Approach to Stop Hypertension) eating plan is one of the major effective strategies for prevention and nonpharmacological management of hypertension].

Des travaux récents suggèrent qu’en réalité les effets bénéfiques du régime DASH sont liés aux fortes concentrations en nitrate NO3- des aliments apportés, notamment des légumes verts et de la betterave [Recent research suggests that the beneficial effects of DASH plan on blood pressure are related to high inorganic nitrate content of food included in this eating plan (e.g., green leaves and root vegetables)].

A partir de ces bases, les auteurs brésiliens présentent une revue de synthèse, assez courte, consacrée aux effets bénéfiques des nitrates alimentaires sur la fonction endothéliale et la tension artérielle.

Le plan est le suivant:

- 1 Introduction

- 2 Oxyde nitrique (NO), dysfonction endothéliale et syndrome métabolique

- 3 Sources et effets bénéfiques des nitrates alimentaires

- 4 Effets des nitrates alimentaires sur la tension artérielle

- 5 Conclusion

Dans le chapitre 3: «Sources et effets bénéfiques des nitrates alimentaires», les auteurs brésiliens signalent l’erreur commise par l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS] puis par le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine [CSAH] de la Commission des Communautés européennes. N’ont-ils pas, chacun, établi une Dose Journalière Admissible [DJA] pour les nitrates, en la fixant à 3.7 mg NO3- kg de poids corporel-1, soit ~ 300 mg NO3- pour un adulte de 80 kg ? Or la démonstration du caractère carcinogène des nitrates alimentaires fait défaut, et les études épidémiologiques montrent même que la consommation de légumes a tendance à diminuer le risque de cancer [In 1962, Word Health Organization (WHO) set an upper limit of nitrate consumption in food. An acceptable daily intake is 3.7 mg NO3-/body weight (kg), which is the same value adopted by the European Authority for Food Safety. This amount is equivalent to 300 mg/day for an adult weighing 80 kg. However, there is no evidence that nitrate intake is carcinogenic in humans. Instead, epidemiological evidence indicates that consumption of vegetables reduces risk of cancer].

Dans le chapitre «Conclusion», les auteurs brésiliens émettent quelques réserves méthodologiques à l’égard des études scientifiques ayant pu porter sur les effets hypotensifs ou anti-hypertensifs des nitrates alimentaires (effectifs parfois assez faibles, populations restreintes, effet dépendant éventuellement de la tension artérielle de départ, élevée ou non). Quoi qu’il en soit, malgré ces réserves, ils considèrent que les nitrates alimentaires constituent d’ores et déjà un moyen thérapeutique complémentaire, à la fois peu onéreux et prometteur, à l’encontre de l’hypertension artérielle et de ses complications cardiovasculaires [Even with these considerations, dietary nitrate seems to represent an inexpensive and a promising complement therapy to support hypertension treatment with benefits for cardiovascular health].

Commentaire du blog

En consultant les pages «RUBRIQUES PAR THEME», on trouvera des revues de synthèse plus complètes sur le sujet, par exemple les travaux récents et remarquables de S.A. Omar et collaborateurs [rubrique du 10 janvier 2016], de L.C. Gee et A. Ahluwalia [rubrique du 24 avril 2016].

C’est en 1962 que le Comité d’experts sur les Additifs alimentaires de l’OMS et de la FAO [JECFA] a fixé la valeur de la Dose Journalière Admissible [DJA] pour les nitrates. Il a retenu le chiffre de 3.7 mg NO3- kg de poids corporel-1, pour la confirmer ensuite à plusieurs reprises.

C’est trente ans plus tard, en 1992, que, se penchant sur la question au nom de la Commission des Communautés européennes, le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine [CSAH] a fixé à son tour une valeur de la Dose Journalière Admissible [DJA] pour les nitrates. Il a retenu exactement le même chiffre, à savoir 3.7 mg NO3- kg de poids corporel-1.

Bizarrement, en 1962, pour son travail réglementaire, le JECFA de l’OMS ne s’est appuyé que sur un seul article [Lehman, 1958], un article extrêmement succinct, de qualité très médiocre, n’ayant absolument pas les qualités requises pour servir de base à la réglementation.

En 1992, le CSAH de la Commission des Communautés européennes, s’est basé sur un article différent [Maekawa et coll. 1982]: 50 rats mâles et femelles sont nourris pendant 2 ans avec une nourriture comprenant 5% de nitrate de sodium. Avec de tels apports et sur cette durée, ils ne sont l’objet d’aucun effet cancérigène. Prenant alors en considération la dose administrée aux rats, les membres de la CSAH lui appliquent, pour l’homme, un coefficient de sécurité, non de 100, mais de 500. Après quoi, le même chiffre de 3.7 mg NO3- kg de poids corporel-1 est obtenu, et présenté comme la Dose Journalière Admissible pour l’homme.

On sait maintenant que les nitrates alimentaires sont dénués d’effet cancérigène. La Dose Journalière Admissible fixée depuis 1962 par la JECFA de l’OMS et de la FAO et depuis 1992 par la CSAH de la Commission des Communautés européennes est dépourvue de base scientifique.

En outre, elle est totalement inutile.

Elle mérite d’être abrogée.

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