Nitrate, nitrite et thyroïde

Bahadoran, Z., Mirmiran, P., Ghasemi, A., Kabir, A., Azizi, F. and Hadaegh, F. (2015) Is dietary nitrate/nitrite exposure a risk factor for development of thyroid abnormality? A systematic review and meta-analysis. Nitric Oxide 47, 65-76

(voir l'abstract ici)

Les auteurs iraniens [Université Shadid Beheshti, Téhéran] présentent une revue de synthèse avec méta-analyse consacrée aux liens éventuels entre les apports alimentaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- et les diverses pathologies thyroïdiennes.

Ils recensent:

- 16 études expérimentales chez l’animal (surtout rats, mais aussi poussins, jeunes porcs, taureaux, saumons, ou encore jeunes poissons de l’espèce Labeo rohita), entre 1961 et 2015,

- 2 études biologiques et 12 études épidémiologiques consacrées chez l’homme, depuis 1994, aux liens entre les apports en nitrate NO3- ou en nitrite NO2- et la fonction thyroïdienne,

- 3 études épidémiologiques consacrées chez l’homme, depuis 2010, aux liens entre les apports en nitrate NO3- ou en nitrite NO2- et le risque de cancer thyroïdien.

▪ Chez l’animal, de très forts apports en nitrate NO3- sont nécessaires pour que l’on commence à enregistrer des répercussions sur le métabolisme iodé thyroïdien et le développement d’un goitre. Il faut chez le rat des apports de 1100 à 2200 mg NO3- kg-1de poids corporel jour-1, sous forme de nitrate de sodium Na NO3, pour que l’on note le début de modifications histologiques en regard des follicules thyroïdiens ainsi qu’une diminution de l’excrétion iodée urinaire. Chez l’homme, la Dose Journalière Admissible [DJA], édictée par le Comité d’experts sur les Additifs Alimentaires de l’OMS et de la FAO [JECFA] ainsi que par le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine [CSAH] de la Commission des Communautés européennes, est de 3.7 mg NO3- kg-1de poids corporel jour-1. Chez l’animal, les doses en nitrate NO3- susceptibles d’avoir des répercussions sur la fonction thyroïdienne sont, en réalité, extrêmement importantes. Elles sont 295 à 590 fois supérieures à la dose que les autorités administratives ont désignée comme étant, chez l’homme, la «Dose Journalière Admissible» [Animal studies showed that short-term exposure to high levels of nitrate in the diet interfered with normal iodine thyroid metabolism and had a goitrogenic effect especially in limited iodine diets. Administration of high doses of nitrate (1500 and 3000 mg/kg/day of sodium nitrate, ~ 295 and 590 times of Acceptable Daily Intake [ADI]), induces histological changes of thyroid follicle and decreases urinary iodine excretion in rats […]].

▪ La méta-analyse des études épidémiologiques humaines effectuée par les auteurs iraniens ne montre aucune association entre l’exposition aux nitrates d’une part et le risque d’apparition:

- d’un hyperthyroïdisme,

- d’un hypothyroïdisme,

- ou d’un cancer thyroïdien

[Our meta-analysis of epidemiologic surveys showed no significant association between nitrate exposure and the risk of thyroid cancer, hyper- and hypothyroidism[…]].

▪ Le seul élément qui, en définitive, retienne leur attention est le lien entre les apports alimentaires en nitrite NO2- et le risque de cancer thyroïdien, lien rapporté en 2013 par Aschebrook-Kilfoy et coll. à partir d’une étude de cohorte portant sur une population de Shanghai [République Populaire de Chine] [Cf. rubrique du 25 août 2012]. Selon cette étude, les femmes dont l’apport en nitrite NO2- est supérieur à 1.61 mg NO2- jour-1 verraient leur risque de développer un cancer thyroïdien multiplié par deux [Only a significant association was found between higher exposures to nitrite and the risk of thyroid cancer].

Commentaire du blog

La valeur scientifique de l’étude d’Aschebrook-Kilfoy et coll. (2013) suscite, en réalité, des réserves. Elles ont été exposées dans la rubrique du 25 août 2012. 

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