Métabolisme des nitrates après 7 jours d’apports importants

Bondonno, C.P., Liu, A.H., Croft, K.D., Ward, N.C., Puddey, I.B., Woodman, R.J. and Hodgson, J.M. (2015) Short-term effects of a high nitrate diet on nitrate metabolism in healthy individuals. Nutrients 7, 1906-1915

(voir le texte entier ici)

On sait qu’après une charge alimentaire unique en nitrate, les concentrations plasmatiques, salivaires et urinaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- augmentent toutes rapidement pour retrouver leur valeur de base en vingt-quatre heures. On ignore, par contre, combien de temps il faut à ces mêmes concentrations pour retrouver leur valeur de base après des apports importants en nitrate de plusieurs jours, par exemple d’une semaine.

Les auteurs australiens [Perth, Australie-Occidentale; Adelaïde, Australie-Méridionale] se penchent sur la question. Leur étude porte sur 19 sujets des deux sexes, en bonne santé, âgés de 50 à 70 ans. Elle comporte trois temps successifs:

- 1) pendant 7 jours, un régime pauvre en nitrate, restreignant la consommation de légumes et apportant moins de 100 mg NO3- j-1,

- 2) puis, les 7 jours suivants, un régime riche en nitrate, privilégiant la consommation d’épinards et de salade et apportant plus de 300 mg NO3- j-1,

- 3) enfin, à nouveau, pendant 14 jours, un régime pauvre en nitrate.

Des mesures des concentrations plasmatiques et salivaires en nitrate NO3- et en nitrite NO2- sont effectuées, à jeun,

- à la fin de la première période [dosages D0],

- à la fin de la deuxième période [dosages D7]

- au deuxième jour de la troisième période [dosages +2D],

- au septième jour de la troisième période [dosages +7D],

- au quatorzième jour de la troisième période (dosages +14D].

Des recueils urinaires ont également lieu aux fins des deuxième [dosage D7] et troisième [dosage +14D] périodes.

En moyenne, les résultats obtenus sont les suivants: 

 

NITRATE plasma

mg l-1

NITRATE salive

mg l-1

NITRATE urine

mg j-1

D0

1.5

15.3

 

D7

9.6

89.1

185.1

+2D

2.3

33.4

 

+7D

1.5

20.0

 

+14D

1.5

14.8

26.5

 

NITRITE plasma

mg l-1

NITRITE salive

mg l-1

NITRITE urine

mg j-1

D0

0.09

4.2

 

D7

0.38

24.5

39.8

+2D

0.13

8.8

 

+7D

0.09

4.6

 

+14D

0.09

4.1

4.7

On voit ainsi que les teneurs plasmatiques et salivaires en nitrate et en nitrite sont plus élevées à D7 qu’à D0. Elles sont 4 à 6 fois supérieures [Compared to D0, saliva and plasma nitrate and nitrite concentrations were significantly increased at D7. The high nitrate diet resulted in a 5- and 6-fold increase in salivary nitrate and nitrite respectively, a 6- and 4-fold increase in plasma nitrate and plasma nitrite respectively].

Deux jours plus tard, à +2D, au deuxième jour de la troisième période, deux jours donc après la fin du régime riche en nitrate, la concentration salivaire en nitrate a diminué, mais reste significativement plus élevée qu’à D0. Par contre, les concentrations plasmatiques en nitrate et en nitrite, ainsi que la concentration salivaire en nitrite, sont revenues, ou presque revenues, quant à elles, à leur taux de base [At +2D, saliva nitrate has decreased but was still significantly elevated compared to D0. However, salivary nitrite, plasma nitrate and plasma nitrite were no longer higher than at D0].

A +7D, au septième jour de la troisième période, sept jours après la fin du régime riche en nitrate, les concentrations plasmatiques et salivaires en nitrate et en nitrite sont toutes revenues à leur taux de base.

Les auteurs en concluent que les effets bénéfiques cardiovasculaires à l’égard de la tension artérielle et de la rigidité artérielle consécutifs aux apports alimentaires chroniques en nitrate ne sont dus, en réalité, qu’à la répétition d’effets aigus, les nitrates ingérés étant rapidement transformés en oxyde nitrique NO. Pour bénéficier ainsi des effets bénéfiques des régimes riches en nitrate, il est impératif de faire preuve de régularité et d’ingérer régulièrement, quotidiennement, des légumes verts, dont on connaît la richesse en nitrate [Our data support the idea that the benefits of chronic high nitrate intake on blood pressure and arterial stiffness observed in clinical trials may largely be due to continual acute effects on molecules with the potential to be converted to NO. Regular (daily) ingestion of nitrate-rich food may be required to maintain the cardioprotective benefits observed with high dietary nitrate intake]. 

De façon assez logique, l’excrétion urinaire en nitrate et en nitrite est plus élevée, 7 fois plus, à D7 qu’à +14D. Par contre, c’est avec étonnement qu’à D7, à la fin de la période de 7 jours de régime riche en nitrate, les auteurs australiens enregistrent une excrétion urinaire en nitrite d’en moyenne 39.8 mg NO2- j-1, valeur relativement supérieure à celle des travaux antérieurs [The increased in urinary nitrite levels at day 7 compared to 14 days post the end of the high nitrate diet […] is higher than previously observed].

Commentaire du blog

A la lecture de ce travail, une question se pose. A supposer que les apports alimentaires importants et réguliers en nitrate élèvent en effet les concentrations urinaires en nitrite, ne devrait-on pas, dans ces conditions, craindre l’apparition de faux positifs du test urinaire aux nitrites en l’absence de toute infection bactérienne des voies urinaires? De tels faits clinico-biologiques n’ont, semble-t-il, jamais été rapportés. Ils sont à vérifier. 

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