Nitrates dans les eaux de puits sénégalaises

Re, V., Faye, S.C., Faye, A., Faye, S., Gaye, C.B., Sacchi, E. and Zuppi, G.M. (2010) Water quality decline in coastal aquifers under anthropic pressure : the case of a suburban area of Dakar (Senegal). Environmental Monitoring and Assessment 172, 605-622

(voir l'abstract ici)

Située autour et à proximité de la ville de Dakar, capitale du Sénégal, la péninsule du Cap-Vert constitue la pointe la plus occidentale de tout le continent africain. Au cours des dernières années, la population vivant dans cette région sub-saharienne a nettement augmenté, du fait d’un afflux de réfugiés venant des nations voisines.

Les auteurs s’intéressent à la qualité des eaux de puits locales. Pendant la saison sèche, en mars et avril 2006, ils procèdent, dans cette péninsule du Cap-Vert, à des prélèvements d’eau souterraine dans 26 puits, répartis sur une surface d’environ 300 km2, depuis Dakar Yoff jusqu’à Kayar. Treize puits sont forés (drilled wells), treize autres sont creusés (dug wells).

Ils étudient les caractéristiques physico-chimiques des eaux prélevées. Ils mesurent, entre autres, le pH, la conductivité électrique, la température, les teneurs en chlore, sodium, potassium, magnésium, calcium, bore, brome et strontium.

Ils mesurent également les teneurs en nitrates (NO3-).

Dans les eaux des puits forés, les teneurs en nitrates sont variables, s’échelonnant entre 2 et 439 mg NO3- par litre, la moyenne étant de 104 mg NO3- par litre. Dans les eaux des puits creusés, la variabilité n’est pas moindre, avec des teneurs s’échelonnant entre 2 et 790 mg NO3- par litre, et une moyenne de 221 mg NO3- par litre.

Seule une minorité de puits, c’est-à-dire 6 puits forés sur 13 et 5 puits creusés sur 13, ont des teneurs en nitrates inférieures à la norme de 50 mg NO3- par litre édictée pour l’eau de consommation par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Communauté européenne.

Commentaire du blog

En 1993, l’OMS précise qu’à ses yeux la limite réglementaire de 50 mg NO3- par litre pour les nitrates dans l’eau de boisson n’est justifiée que pour prévenir la méthémoglobinémie du nourrisson: «The guideline value for nitrate in drinking-water is established solely to prevent methaemoglobinaemia, which depends on the conversion of nitrate to nitrite». Dans le même rapport, l’OMS signale qu’à l’époque 10 millions d’Européens reçoivent une eau de boisson dont la teneur en nitrates dépasse la norme: «In 15 European countries, the percentage of the population exposed to nitrate levels in drinking-water above 50 mg/litre ranges from 0.5 to 10%; this corresponds to nearly 10 million people».

Comme on le sait, l’OMS et les organisations officielles européenne et américaine à l’origine des directives n’ont pas intégré la notion selon laquelle la présence de nitrates dans l’eau d’un biberon ne fait courir au nourrisson un risque méthémoglobinémique que si, en outre, bactériologiquement contaminée, l’eau contient plus de 106 ou 107 germes par ml (Cf. nos rubriques du 22 décembre 2009, des 29 janvier, 19 février, 23 février et 26 mars 2010). Puisque les auteurs sénégalais et italiens ne précisent, dans leur article, ni les teneurs en nitrites ni la qualité bactériologique des eaux de puits analysées, il n’est guère possible au lecteur de savoir si elles font ou non courir aux nourrissons un réel risque méthémoglobinémique.

This entry was posted in Méthémoglobinémie, Taux de nitrates dans les aliments and tagged , , , , , , , , , . Bookmark the permalink.

Comments are closed.