Acides gras nitrés et régime méditerranéen

Charles, R.L., Rudyk, O., Prysyazhna, O., Kamynina, A., Yang, J., Morisseau, C., Hammock, B.D., Freeman, B.A. and Eaton, P. (2014) Protection from hypertension in mice by the Mediterranean diet is mediated by nitro fatty acid inhibition of soluble epoxide hydrolase. Proceedings of the National Academy of Sciences 11, 8167-8172

(voir l'abstract ici)

L’époxyde hydrolase soluble [sEH] a pour propriété de participer à l’hydrolyse de l’acide époxyeicosatriénoïque [EET], lequel favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, et fait baisser la tension artérielle.

Lorsque l’époxyde hydrolase soluble se trouve associée à des lipides électrophiles, son pouvoir d’hydrolyse baisse. Le taux d’acide époxyeicosatriénoïque [EET] monte. Il s’ensuit une vasodilatation, en même temps qu’une tendance à la baisse tensionnelle, surtout, d’ailleurs, en période d’installation d’une tendance hypertensive [This in turn elevates EET levels, which mediate blood vessel dilation and lowers blood pressure, especially in the setting of hypertension].

Les auteurs [King’s College de Londres, Royaume-Uni; Davis, Université de Californie; Université de Pittsburgh, Pennsylvanie, USA] procèdent à une étude expérimentale. Ils utilisent à la fois des souris de type sauvage [wild-type mice] et des souris rendues génétiquement résistantes à l’inhibition de l’époxyde hydrolase soluble [KI mice].

Chez les souris de type sauvage soumises à une hypertension sous l’effet de l’angiotensine II, la perfusion d’acide nitro-oléique [acide 10-nitrooctadec-9-énoique ou NO2-OA] réduit la tendance hypertensive, alors que, chez les souris KI, la même perfusion n’exerce aucun effet sur l’évolution tensionnelle [The electrophilic lipid 10-nitro-oleic acid (NO2-OA) inhibited hydrolase activity and also lowered blood pressure in an angiotenisn II-induced hypertension model in wild-type (WT) but not KI mice].

D’autre part, pendant 5 jours, un certain nombre de souris de l’expérience reçoivent, chaque jour, à la fois 10 mg kg-1 d’acide linoléique et 13.3 mg kg-1 de nitrite [NO2-] sous forme de nitrite de sodium [NaNO2]. L’acide linoléique et l’ion nitrite sont considérés, l’un et l’autre, comme des constituants clés du régime méditerranéen [The Mediterranean diet is characterized by consumption of unsatured fats with vegetables rich in nitrite and nitrate, resulting in endogenous formation of nitro fatty acids]. Au 5ème jour, si l’on étudie les cœurs des animaux sacrifiés, on constate que l’activité de l’époxyde hydrolase soluble est significativement diminuée chez les souris de type sauvage. Elle ne l’est pas chez les souris KI [sEH was inhibited in WT mice fed linoleic acid and nitrite, key constituents of the Mediterranean diet that elevates electrophilic nitro fatty acid levels, whereas KIs were unaffected].

Des résultats de leur étude, les auteurs britanniques et américains pensent pouvoir conclure que, chez les souris de type sauvage, des lipides électrophiles comme l’acide nitro-oléique jouent réellement un rôle anti-hypertenseur. Il est possible, précisent-ils, que cette action anti-hypertensive des acides gras nitrés, par l’intermédiaire de l’inhibition de l’époxyde hydrolase soluble, explique, au moins en partie, l’effet anti-hypertenseur, bien connu, du régime méditerranéen chez l’homme [These observations reveal that lipide electrophiles such as NO2-OA mediate antihypertensive signaling actions by inhibiting sEH and suggest a mechanism accounting for protection from hypertension afforded by the Mediterranean diet – Thus, protection from hypertension afforded by the Mediterranean diet is mediated by nitro-fatty-acid-dependent inhibition of soluble epoxide hydrolase].

Commentaire du blog

La dose de nitrite NO2 administrée pendant cinq jours à ces souris, à savoir 13.3 mg NO2- kg-1 j-1, est considérable. A titre de comparaison, rappelons que pour un homme de 60 à 70 kg, les apports en nitrite sont estimés entre 0.7 et 8.7 mg NO2- j-1 (soit 0.10 à 0.15 mg NO2- kg-1 j-1) [Gangolli et coll., 1994] – donc cent fois moins -. La plus forte dose jamais administrée à l’homme semble avoir été de 560 mg de NO2- (soit 8 à 9 mg NO2- kg-1) [Kiese et Weger, 1969]. Les doses employées par les auteurs sont ici pharmacologiques, non réellement physiologiques.

Les légumes, qui constituent une part importante du régime méditerranéen, sont effectivement riches en nitrate NO3-. Ils ne le sont nullement en nitrite NO2-. Les concentrations en nitrite des légumes sont faibles, habituellement comprises entre 1 et 10 mg NO2- kg-1 [Gangolli et coll., 1994].

Il n’est pas certain que les observations recueillies au cours de cette étude expérimentale soient transposables chez l’homme, du moins dans les conditions de vie habituelles.

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