Nitrates des eaux de rivière. Surveillance sur le long terme

Burt, T.P., Howden, N.J.K., Worrall and Whelan, M.J. (2010) Long-term monitoring of river water nitrate: how much data do we need? Journal of Environmental Monitoring 12, 71-79.

(voir l'abstract ici)

Les auteurs anglais de cet article sont hydrogéologistes et chimistes de l’environnement.

Ils recommandent la surveillance du taux des nitrates dans les rivières du Royaume-Uni en raison de leurs éventuelles répercussions sur l’environnement et la santé humaine. [Increased inputs of nitrogen to land […] may have contributed to eutrophication in some receiving water bodies with consequent increased occurrence of algal blooms, reduced dissolved oxygen levels and loss of habitat. Nitrate is also allegedly toxic to humans, although the evidence for this is controversial].

Pour certaines rivières du Royaume-Uni, les courbes d’enregistrement des taux de nitrates s’échelonnent sur quatre-vingts ans, de 1928 à 2008. Il apparaît que, dans les rivières Thames (Tamise), Lee, Essex Stour et Bedford Ouse, les taux de nitrate ont progressivement et irrégulièrement augmenté de 1928 jusqu’en 1978; évalués aux alentours de 10 mg NO3- par litre en 1928, ils finissent par atteindre une moyenne approximative de 35 mg NO3- par litre en 1978; au long des trente années suivantes, de 1978 à 2008, la tendance est, par contre, à la stabilisation, voire même à la baisse, avec une moyenne approximative de 33 mg NO3- par litre en 2008.

Les enregistrements de la rivière Dorset Frome s’échelonnent sur quarante-cinq ans, de 1963 à 2008.

L’évolution est différente. Alors qu’ils avoisinent les 9 mg NO3- par litre en 1963, les taux moyens de nitrate augmentent peu à peu, et régulièrement, pour s’approcher des 25 mg NO3- par litre en 2008. Les auteurs font remarquer qu’au Royaume-Uni les liens sont assez forts entre les conditions agraires sur les bassins versants et les modifications des taux de nitrate dans les eaux de rivières correspondantes, moyennant cependant un long décalage de temps.

Ils préconisent donc qu’au Royaume-Uni l’on continue régulièrement à recueillir les enregistrements des taux de nitrate dans les rivières pour lesquelles des données anciennes sont déjà disponibles, de manière à toujours bénéficier, à leur sujet, d’une surveillance sur le long terme et à toujours pouvoir faire les déductions appropriées.

Commentaire du blog L

a conclusion des auteurs apparaît pertinente.

Par contre, leurs présupposés sont sujets à caution.

On se rappelle l’important travail de Schindler et coll. publié en 2008 (rubrique du 15 décembre 2009). Comme il est maintenant fermement établi, la diminution des apports azotés ne concourt aucunement à réduire l’eutrophisation d’une eau  douce stagnante.

Quant à la toxicité des nitrates, les auteurs expriment leur doute; ils emploient l’adverbe «allegedly». Comme le montrent les articles les plus récents analysés dans notre blog, le doute qu’ils expriment à ce sujet est scientifiquement justifié. On pourra cependant regretter qu’ils aient omis de mentionner, à l’inverse, les effets favorables exercés par ces mêmes ions NO3- sur la santé, maintenant bien connus.

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