Drépanocytose, nitrates et épinards

McCarty, M.F. (2010) Potential utility of full-spectrum antioxidant therapy, citrulline, and dietary nitrate in the management of sickle cell disease. Medical Hypotheses 74, 1055-1058.

(voir l'abstract ici)

Mark F. McCarty est membre de l’entreprise américaine NutriGuard Research (Encinitas, Californie) qui procède à la commercialisation de divers produits à visée sanitaire (vitamines, suppléments diététiques, substances diverses). Il serait le «co-découvreur» de la «phycocyanobiline» qui, dérivée de la biliverdine et pourvue de possibles effets  bénéfiques sur la santé humaine, serait en attente de reconnaissance administrative.

Dans cet article, l’auteur s’intéresse aux traitements «nutraceutiques» qui auraient la capacité de prévenir ou de contribuer à faire évoluer favorablement les complications vasculaires de la drépanocytose.

La drépanocytose ou anémie à cellules falciformes est, comme on le sait, une maladie génétique caractérisée par une altération de l’hémoglobine. La modification d’un seul acide aminé de cette protéine, en l’occurrence le remplacement d’un acide glutamique par une valine, est à l’origine de l’apparition d’une hémoglobine anormale, l’hémoglobine S. Lorsqu’ils sont désoxygénés, les globules rouges contenant une telle hémoglobine S se déforment et s’incurvent en forme de faucille. Moins élastiques, les globules rouges sont alors susceptibles d’obstruer les petits vaisseaux sanguins et de bloquer la circulation sanguine. D’où d’assez nombreuses complications aiguës: douleurs abdominales, thoraciques, osseuses, nécrose papillaire rénale, priapisme.

L’auteur s’appuie sur des travaux qui feraient état du rôle facilitateur joué à l’égard du mécanisme des complications vasculaires de la drépanocytose, d’une part par les «stress oxydatifs», d’autre part par une moindre disponibilité de l’oxyde nitrique NO.

Prenant d’abord en compte le rôle hypothétique des «stress oxydatifs», l’auteur passe en revue un certain nombre de produits de l’industrie «nutraceutique» qui auraient le pouvoir de réduire ces phénomènes. Il cite son produit, la phycocyanobiline, qui agirait en inhibant l’activité de la nicotinamide adénine dinucléotide phosphate-oxydase, ou NADPH oxydase. Il cite aussi les folates à hautes doses, le glutathion ainsi qu’un coenzyme des déshydrogénases, l’acide lipoïque.

Pour accroître la «bioactivité» de l’oxyde nitrique NO chez les patients drépanocytaires, l’auteur préconise une supplémentation orale, non en arginine, mais en citrulline. Certes, l’arginine est le précurseur intracellulaire du NO. Mais, ingéré, cet acide aminé serait dégradé par voie enzymatique, sous l’effet d’une arginase, dans le tractus digestif de telle sorte qu’il n’atteindrait pas en quantité vraiment appréciable la circulation sanguine. Par contre, si l’on en croit une étude de 2001, ingérée la citrulline serait correctement absorbée; transformée ensuite en arginine et NO, elle serait source de NO à proximité des cellules endothéliales.

Enfin, il rappelle que les nitrates d’origine alimentaire sont l’objet d’une circulation entérosalivaire qui les fait repasser dans la cavité buccale. La flore bactérienne buccale les réduit en nitrites, avant que ces nitrites ne soient eux-mêmes transformés par l’acidité gastrique en oxyde nitrique NO. Aux Etats-Unis, selon Hord et coll. (2009), le taux des épinards en nitrate NO3- serait très élevé: en moyenne, 7410 mg par kilo. L’auteur soumet donc l’idée de traiter la drépanocytose, maladie génétique de l’hémoglobine et du globule rouge, par un régime riche en épinards [A diet rich in spinach may have potential in the management of sickle cell disease].

Commentaire du blog

Cet article est publié dans une revue intitulée «Medical Hypotheses». Il est écrit par un auteur en situation de «conflit d’intérêt». Il doit être analysé avec recul et circonspection.

Notons cependant un début de tendance. L’intérêt pour les nitrates et les régimes riches en nitrate ne concerne plus uniquement les scientifiques et biologistes «pointus». Depuis quelque temps, des personnes issues de milieux a priori distants, par exemple des personnes favorables aux médecines «naturelles» ou «parallèles», cessent avec juste raison de considérer les nitrates comme des substances étrangères ou suspectes.  

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