Nitrite et intoxication au cyanure

Peterson, J. and Pearce, L.L. (2013) The antidotal action of nitrites toward cyanide intoxication: An example of medicine disguised as quackery. Nitric Oxide 31, S40, P63

(voir le texte de l'affiche ici)

L’ion cyanure CN- est le plus puissant des poisons de la chaîne respiratoire. Se fixant sur les atomes de fer de la cytochrome c oxydase, il a tendance à inhiber l’action de l’enzyme, alors que celle-ci a pour important rôle d’assurer le transport et l'utilisation de l'oxygène dans la chaîne respiratoire mitochondriale.

Pour traiter l’intoxication au cyanure, on recourt volontiers, à titre d’antidote, à l’ion nitrite NO2-. Chez l’adulte, la dose recommandée est de 200 mg de NO2-, sous forme de nitrite de sodium NaNO2. La dose s’administre par voie intraveineuse en 5 à 20 minutes.

On considère habituellement que l’ion nitrite NO2- agit par oxydation, transformant l’hémoglobine (état ferreux) en méthémoglobine (état ferrique). L’ion cyanure CN- a la réputation de se lier plus facilement à la méthémoglobine qu’à la cytochrome c oxydase. Mis en présence l’un de l’autre, l’ion cyanure et la méthémoglobine donneraient naissance à une molécule de cyanométhémoglobine. Si, dans une dernière étape, du thiosulfate de sodium est administré par voie intraveineuse, la cyanométhémoglobine serait alors transformée en thiocyanate, sulfite et hémoglobine, le thiocyanate étant lui-même excrété par voie urinaire.

En raison de sa forte affinité pour l’anion cyanure CN-, il est aussi possible d’utiliser l’hydroxycobalamine, une forme de vitamine B12. Se liant au cyanure, l’hydroxycobalamine forme une molécule inoffensive, la cyanocobalamine, ensuite éliminée par voie urinaire. L’emploi de l’hydroxycobalamine en cas d’intoxication au cyanure a reçu l’approbation de la Food and Drug Administration [FDA].

Les auteurs américains [Université de Pittsburgh, Penssylvanie] étudient la toxicité de l’ion cyanure CN- chez la souris. Ils présentent les déductions de leur étude sur une affiche au Colloque de Pittsburgh des 4 et 5 mai 2013 [Fifth Bi-annual International Meeting on the Role of Nitrite and Nitrate in Physiology, Pathophysiology, and Therapeutics].

Ils remettent en cause les schémas précédents.

L’administration intrapéritonéale de nitrite chez la souris est rapidement suivie de la production d’oxyde nitrique NO, détectable dans le courant circulatoire [Intraperitoneally administered nitrite rapidly produces NO in the bloodstream]. L’oxyde nitrique NO produit permettrait de dissocier l’ion cyanure du site actif de la cytochrome c oxydase. Selon les auteurs, c’est de la sorte, bien plus que par l’intermédiaire de la formation de méthémoglobine, que l’administration de nitrite de sodium exercerait son action favorable en cas d’intoxication au cyanure [Antagonism of cyanide inhibition of cytochrome c oxidase by NO appears to be the crucial antidotal activity rather than any methemoglobin-forming action of nitrite].

C’est également l’oxyde nitrique NO, de provenance alors endogène, qui serait à l’origine de l’effet constaté après administration d’hydroxycobalamine. L’oxyde nitrique d’origine endogène dissocierait l’ion cyanure CN- du site actif de la cytochrome c oxydase. Se liant à l’anion cyanure CN-, l’hydroxycobalamine interviendrait dans un deuxième temps, permettant son élimination ultérieure [It follows that the clinical usefulness of cobalamin may be dependent on endogenous nitric oxide displacing the cyanide from the active site of cytochrome c oxidase to facilitate the cyanide-scavenging action of cobalamin].

Commentaire du blog

Fort intéressantes, ces explications méritent cependant confirmation.

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