Nitrate et nitrite dans le lait maternel

Jones, J., Ninnis, J.R., Hopper, A.O., Ibrahim, Y., Merritt, T.A., Wan, K.-W., Power, G.G. and Blood, A.B. (2013) Nitrite and nitrate concentration and metabolism in breast milk, artificial milk, and parenteral nutrition of term and preterm infants. Nitric Oxide 31, S28, P36.

(voir le texte de l'affiche ici)

Les auteurs américains [Loma Linda, Californie] mesurent les concentrations en nitrate NO3- et en nitrite NO2- dans le lait maternel, le lait en poudre et la nutrition parentérale pour nourrisson. Pour le lait maternel, deux situations différentes peuvent être envisagées, selon que le bébé est né à terme ou qu’il est prématuré.

Les résultats sont présentés, sous forme d’affiche, au Colloque de Pitttsburgh [Pennsylvanie, USA] des 4 et 5 mai 2013 [Fifth Bi-annual International Meeting on the Role of Nitrite and Nitrate in Physiology, Pathophysiology, and Therapeutics].

Ils peuvent être récapitulés de la manière suivante:

 

Concentration en nitrate NO3- (en mg l-1)

Concentration en nitrite NO2- (en μg l-1)

Lait maternel (enfant né à terme)

en moyenne: 0.79

en moyenne 6.0:

Lait maternel (enfant prématuré)

en moyenne: 0.84

en moyenne: 3.2

Lait en poudre

0.74 à 4.2

0.46 à 59.8

Nutrition parentérale

en moyenne: 0.59

en moyenne: 3.7

 

Les auteurs constatent que la concentration en nitrite NO2- du lait maternel est significativement moins importante en cas de naissance prématurée qu’en cas de naissance à terme [Nitrite concentration averaged 0.07 ± 0.01 μM in the milk of mothers of preterm infants, significantly less than in the milk of mothers of term infants (0.13 ± 0.02 μM) (P<0.01)].

Ils notent, par ailleurs, qu’un lait maternel conservé puis décongelé perd environ les deux tiers de sa concentration en nitrite NO2- [Freeze-thawing resulted in a 65 ± 6% decrease in nitrite concentrations].

Ainsi, chez les nourrissons nés à terme comme chez les prématurés, les apports en nitrate et en nitrite sont faibles, du moins comparés à ceux des adultes. En outre, disent les auteurs, ils diminuent encore si le lait maternel est conservé et décongelé [Overall nitrite and nitrate ingestion by term and preterm infants is low compared to adults, and decreases further in infants receiving freeze-thawed breast milk […]]. Dans la mesure où les apports alimentaires en nitrite sont connus pour être bénéfiques chez l’adulte, les auteurs se demandent finalement si les faibles apports en nitrite dont est tributaire le tout jeune enfant lors des premiers mois de sa vie ne pourraient pas avoir un impact négatif sur sa santé gastrique et cardiovasculaire [Given recent evidence for the importance of dietary nitrite in adults, we speculate that low levels of ingestion may negatively impact the gastric and cardiovascular health of newborn].

Commentaire du blog

Ce bref article suscite quelques appréciations critiques.

• Les teneurs du lait maternel en nitrate NO3- et en nitrite NO2- rapportées par les auteurs sont difficiles à interpréter, le moment exact du prélèvement par rapport à la naissance n’étant pas précisé.

Des études précédentes ont estimé qu’après le 5ème jour du post-partum, les concentrations moyennes en nitrate NO3- dans le lait maternel sont situées autour de 1.4, 2.9 et 4.9 mg NO3- l-1, tandis que les ions nitrite restent indétectables (Green et coll., 1982; Uibu et coll., 1996; Dusdieker et coll., 1996). Et, entre le 2ème et le 5ème jours du post-partum, selon Iizuka et coll., 1999, les concentrations en nitrate et en nitrite du lait maternel sont nettement plus élevées: Iizuka et coll. les estiment, en moyenne et respectivement, à 11.2 mg NO3- l-1 et 2.1 mg NO2- l-1.

Le réflexe de succion serait, en fait, à l’origine d’une production locale d’oxyde nitrique NO. Cette dernière jouerait un rôle, non seulement dans le déclenchement de la montée laiteuse, mais aussi dans l’apparition de certains phénomènes d’accompagnement, comme l’érection du mamelon, la tension aréolaire et l’hypertrophie des canaux galactophores.

• Les faibles apports en nitrite NO2- dans les premiers mois de la vie ne constituent nullement une erreur de la nature. Chez le nourrisson, la méthémoglobine-réductase n’a pas atteint sa pleine activité. Environ deux fois plus faible qu’à l’âge adulte, l’activité de la méthémoglobine réductase augmente, chez le nourrisson, au fil des mois. Elle devient égale à celle de l’adulte vers l’âge de six mois. Autrement dit, tout se passe comme si les faibles apports en nitrite NO2- provenant du lait maternel au cours des premiers mois de la vie étaient, en réalité, destinés à bien mettre le nourrisson à l’abri du risque méthémoglobinémique.

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