Nitrate alimentaire et sport collectif

Wylie, L.J., Mohr, M., Krustrup, P., Jackman, S.R., Ermidis, G., Kelly, J., Black, M.I., Bailey, S.J., Vanhatalo, A. and Jones, A.M. (2013) Dietary nitrate supplementation improves team sport-specific intense intermittent exercise performance. European Journal of Applied Physiology 113, 1673-1684.

(voir l'abstract ici)

Comme l’ont montré certaines études, l’ingestion de nitrate alimentaire accroît de 15 à 25% le temps jusqu’à épuisement en cas d’exercice intense et soutenu [It has been shown that nitrate ingestion results in 15-25% increase in time-to-exhaustion during severe-intensity, constant work rate exercise]. Bien que la confirmation manque parfois chez l’athlète fortement entraîné [rubriques des 21 août et 1er décembre 2012], il semble bien qu’elle améliore aussi, d’ordinaire, de 1 à 2 % le temps nécessaire pour effectuer l’épreuve lorsque celle-ci appartient à un sport d’endurance, tels cyclisme, course à pied ou aviron [rubriques du 17 mai 2011, des 28 juin, 17 août et 1er septembre 2012] [In addition, some studies have reported a 1-2 % improvement in time-trial performance during high-intensity endurance exercise, although these findings have not been confirmed in well-trained athletes].

Sous forme de jus de betterave, la supplémentation en nitrate est rapidement devenue populaire dans les milieux sportifs [Cf. rubriques des 07 04 et 20 05 2013], l’espoir étant d’améliorer les performances individuelles [Consequently, nitrate supplementation, in the form of nitrate-rich beetroot products, has rapidly gained popularity as an ergogenic aid for athletic performance].

Les auteurs britanniques [Université d’Exeter, UK] se demandent si la supplémentation en nitrate serait ou non susceptible d’améliorer les performances dans des sports collectifs tel le football, au cours desquels l’effort est à la fois intense et intermittent.

Ils recourent à un test connu pour être sensible et reproductible, le «Yo-Yo Intermittent Recovery, level 1 (IR1) test», décrit par Krustrup et coll. il y a dix ans (2003). Il consiste à effectuer des courses répétées sur une longueur de 20 mètres à des vitesses progressivement croissantes et contrôlées par des signaux sonores émis par un baladeur CD. Chaque séquence de course est interrompue par une phase de 10 secondes de récupération active, durant laquelle le sujet trottine autour d’un point situé 5 mètres derrière la ligne de départ. Quand, à deux reprises, le sujet ne parvient pas à atteindre la ligne d’arrivée à temps, la distance parcourue, enregistrée, constitue le résultat du test.

Quatorze hommes jeunes, âgés en moyenne de 22 ans, adeptes, pour leur loisir, de sports d’équipe [recreational team-sport players] participent à l’étude. Randomisée, celle-ci est effectuée en double-aveugle et cross over.

Les sujets reçoivent:

- soit un jus de betterave artificiellement dépourvu de nitrate, après action d’une résine échangeuse d’ions [groupe placebo, PL]

- soit un jus de betterave très riche en nitrate, contenant 3628 mg NO3- l-1 [produit commercialisé au Royaume-Uni sous le nom de «Beet it» (James White Drinks Ltd, Ipswich, UK) (Cf. rubrique du 07 04 2013)] [groupe «beetroot», BR]

La veille de l’épreuve, les sujets ingèrent à deux reprises 140 ml de jus de betterave, une fois le matin (10 heures), une fois le soir (19 heures). Le jour de l’épreuve, ils ingèrent 140 ml de jus de betterave 2 heures et demie avant le «Yo-Yo Intermittent Recovery test». Ils ingèrent à nouveau 70 ml de jus de betterave 1 heure et demie avant le test. Les sujets sous concentré de betterave [«Beet it»] ingèrent ainsi un total de 1778 mg de nitrate NO3- au cours des 36 heures précédant le test.

Au repos, avant l’épreuve, dans les groupes PL et BR, la concentration plasmatique en nitrate NO3- est, en moyenne et respectivement, de 1.5 et de 46.5 mg NO3- l-1. La concentration plasmatique moyenne en nitrite NO2- est alors, en moyenne et respectivement, de 5 et 23 μg NO2- l-1. Elle est plus de 4 fois supérieure chez les sujets sous «Beet it» que chez les sujets sous placebo [Resting plasma nitrite concentration was ~ 400% greater in BR compared to PL].

Entre le début et la fin du test, dans les groupes PL et BR, la concentration plasmatique en nitrate NO3- augmente, en moyenne et respectivement, de 0.27 [17 %] et 4.45 [~10 %] mg NO3- l-1, tandis que la concentration plasmatique en nitrite NO2- subit un sort inverse, diminuant, en moyenne et respectivement, de 0.9 [~20 %] et 13 [~54%] μg NO2- l-1.

A cours du «Yo-Yo Intermittent Recovery test», les performances sont, en moyenne, plus marquées chez les sujets soumis au jus de betterave riche en nitrate [groupe BR] que chez les sujets soumis au jus de betterave sans nitrate [groupe PL]. La distance finale retenue est, en moyenne, de 1636 mètres chez les sujets du groupe placebo (PL] et de 1704 mètres chez les sujets du groupe «Beet it» [groupe BR]. La différence est de 4 %. Elle est statistiquement significative (P <0.05).

La supplémentation orale en ions nitrate NO3- semble ainsi améliorer la production d’oxyde nitrique NO par la voie nitrate-nitrite-NO. Les nitrates alimentaires pourraient améliorer la performance physique, non seulement lorsque l’exercice est intense et soutenu, mais également, on le voit, lorsqu’il est intense et intermittent. Les adeptes de sports d’équipe tels le football, le rugby, le basket-ball, le hand-ball ou le volley-ball pourraient en tirer bénéfice [Dietary NO3- supplementation improves performance during intense intermittent exercise and may be a useful ergogenic aid for team sports player].

Commentaire du blog

Les flacons de Beet it (70 ml) utilisés dans cette expérience ont apporté ~ 4.1 mmol, soit ~ 254 mg de nitrate NO3-. La quantité de nitrate apportée par chaque flacon est ainsi, notons-le, inférieure aux 300 mg de nitrate NO3- annoncés officiellement pour le Beet it organic par le fabricant (James White Drinks Ltd).

Du moins lorsqu’il est pratiqué en simple, le tennis n’est ni un sport d’équipe ni un sport collectif. L’effort n’en est pas moins intense et intermittent. Le tennis pourrait être également concerné par l’étude britannique.

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