Nitrates alimentaires et diabète de type 2

Gilchrist, M., Winyard, P.G., Aizawa, K., Anning, C., Shore, A. and Benjamin, N. (2013) Effect of dietary nitrate on blood pressure, endothelial function, and insulin sensitivity in type 2 diabetes. Free Radical Biology and Medicine 60C, 89-97

(voir l'abstract ici)

Les régimes alimentaires riches en légumes verts sont connus pour exercer un effet hypotensif et réduire le risque cardiovasculaire [Diets rich in green, leafy vegetables have been shown to lower blood pressure and reduce the risk of cardiovascular disease]. Les légumes verts, tout comme les betteraves, sont particulièrement riches en ions nitrate NO3-. Chez le sujet sain et par l’intermédiaire d’une réduction de l’ion nitrate NO3- en ion nitrite NO2- puis en oxyde nitrique NO, la supplémentation alimentaire en nitrate tend à abaisser la tension artérielle. Elle améliore la fonction endothéliale [Green, leafy vegetables and beetroots are particularly rich in organic nitrate. Dietary nitrate supplementation, via sequential reduction to nitrite and NO, has previously been shown to lower blood pressure and improve endothelial function in health humans].

Une équipe britannique [Université d’Exeter, Royaume-Uni] cherche à vérifier si les bénéfiques cardiovasculaires de la supplémentation alimentaire en nitrate ainsi constatés chez le sujet sain s’observent également chez le patient atteint de diabète de type 2.

On sait que le diabète de type 2 se caractérise par une hyperglycémie par résistance à l’insuline. En résultent toutes sortes de complications micro- et macro-vasculaires. Le risque d’apparition des maladies coronariennes, des artériopathies et des affections cérébrovasculaires est multiplié par 3 (entre 2 et 4). La mortalité cardiovasculaire est multipliée par 4. L’hypertension artérielle qui accompagne volontiers le diabète de type 2 joue un rôle de premier plan dans l’accentuation des risques [The hypertension which typically accompanies type 2 diabetes mellitus appears to be the most significant contributor to this increased risk].

27 patients [18 hommes et 9 femmes], dont l’âge moyen est de 67 ans, participent à l’étude. Tous les patients sont atteints de diabète de type 2. Ou bien ils ont une tension artérielle supérieure à 125/85 mm Hg, ou bien ils reçoivent un traitement anti-hypertenseur.

L’étude randomisée, en double aveugle et crossover, compare deux régimes de 15 jours. L’un comprend l’ingestion de 250 ml par jour d’un jus de betterave déplété en nitrate, l’autre l’ingestion de 250 ml par jour d’un jus de betterave riche en nitrate. Le premier régime apporte 0.12 mg NO3- j-1, le second 465 mg NO3- j-1.

Au 15ème jour, la concentration plasmatique en nitrate est, en moyenne, de 1.9 mg NO3- l-1 chez les sujets du premier groupe, de 9.3 mg NO3- l-1 chez les sujets du second. La concentration plasmatique en nitrite est, en moyenne, de 10.7 μg NO2- l-1 chez les sujets du premier groupe, de 17.9 μg NO2- l-1 chez les sujets du second.

Au 15ème jour, chez ces sujets diabétiques, les auteurs ne constatent aucune répercussion des apports en nitrate sur la tension artérielle, la fonction endothéliale et la sensibilité à l’insuline.

Vérifiée en ambulatoire, la tension artérielle systolique est, en moyenne, de 134.6 et de 135.1 mm Hg dans le premier et le deuxième groupes. La différence n’est pas significative.

La fonction endothéliale macrovasculaire est mesurée, à l’artère brachiale, par un procédé de dilatation flux-dépendante. Elle n’est pas modifiée par le régime riche en nitrate. Il en est de même pour la fonction endothéliale microvasculaire, mesurée par un procédé d’iontophorèse à l’acétylcholine.

Pour évaluer la sensibilité à l’insuline, les auteurs utilisent la méthode du clamp euglycémique hyperinsulinémique. Elle consiste à mettre en place une perfusion d’insuline à débit constant, de manière à induire un hyperinsulinisme, et à mettre parallèlement en place une perfusion de glucose pour stabiliser la glycémie à 1 g/l. Plus il consomme de glucose pendant le clamp, plus le sujet est considéré comme sensible à l’insuline. Les auteurs notent que le régime riche en nitrate ne modifie pas de façon évidente la sensibilité à l’insuline. La consommation en glucose est évaluée, en moyenne, à 5.8 mg/kg/min dans le premier groupe, à 6.00 mg/kg/min dans le second. La différence n’est pas statistiquement significative.

Ainsi, les effets bénéfiques cardiovasculaires de la supplémentation alimentaire en nitrate constatés chez le sujet sain ne semblent pas s’observer de la même manière chez le patient atteint de diabète de type 2. Il est possible qu’une telle constatation négative s’explique par une moindre réactivité vasculaire dans le cadre du diabète de type 2, à moins qu’il ne s’agisse d’une moindre réactivité vasculaire liée à l’âge. Il en résulterait une moindre réponse vasculaire à la présence d’oxyde nitrique NO [This may reflect diminished vascular reactivity in type 2 diabetes, or with ageing, and particularly impaired responsiveness to NO].

Il conviendrait cependant, maintenant, d’envisager en ce domaine des travaux de durée plus prolongée. Les 15 jours de la présente étude sont peut-être insuffisants [The effect of longer term dietary nitrate supplementation on vascular function and cardiovascular outcomes is unknown at present and remains worthy to further consideration based on epidemiological evidence linking green leafy vegetable consumption to reduced cardiovascular risk].

Commentaire du blog

Chez le patient atteint de diabète de type 2  il conviendrait aussi, peut-être, d’étudier les effets d’apports en nitrate plus importants, aux alentours de 1000 mg de NO3- j-1 par exemple. De tels apports seraient susceptibles de faire monter les concentrations plasmatiques en nitrite jusqu’à une trentaine de μg NO2- l-1.

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