Nitratation de la pepsine et protection gastrique

Rocha, B.S., Gago, B., Barbosa, R.M., Lundberg, J.O., Mann, G.E., Radi, R. and Laranjinha, J. (2013) Pepsin is nitrated in the rat stomach, acquiring antiulcerogenic activity: a novel interaction between dietary nitrate and gut proteins. Free Radical Biology and Medicine 58, 26-34

(voir l'abstract ici)

La surface de l’estomac est parsemée d’innombrables cryptes au fond desquelles débouchent, on le sait, les glandes gastriques. Parmi les cellules constitutives de ces glandes gastriques, on note, entre autres:

- les cellules pariétales, ou cellules bordantes, qui produisent l’acide chlorhydrique [HCl],

- les cellules principales, qui synthétisent une pro-enzyme, le pepsinogène, lequel est ensuite transformé, après hydrolyse acide par l’acide chlorhydrique, en une enzyme active, la pepsine.

La pepsine est une endoprotéase. Dégradant les protéines du bol alimentaire, elle joue un rôle initiateur dans le processus de digestion. Selon certains auteurs [par exemple, Raufman 1996], elle pourrait également avoir un rôle négatif, en jouant un rôle favorisant dans l’apparition des ulcères gastroduodénaux. L’«arme» serait «à double tranchant» [Although pepsin has been assigned a physiological role in digestion, a pathological role in peptic ulcer disease is also suggested, making it a double-edge sword].

Une équipe multicentrique [Coimbra, Portugal; Stockholm, Suède; Londres, Royaume-Uni; Montevideo, Uruguay] présente une étude expérimentale complexe, menée chez le rat.

Les auteurs constatent que, dans un estomac acide, l’apport de nitrite NO2- provoque une nitratation de la pepsine à l’intérieur de la muqueuse gastrique. Le mécanisme en cause fait préalablement intervenir la transformation de l’ion nitrite NO2- en radical NO dans la lumière gastrique [Taken together these results suggest that in animals under active acid secretion, nitrite ingestion induces pepsin nitration in the mucosa via a process that is dependent on the ability of nitrite to generate NO in the gastric lumen].

Ils montrent in vitro que, vis-à-vis de différents substrats, l’activité protéolytique de la pepsine nitratée est moins prononcée que celle de la pepsine native, non nitratée [The proteolytic activity of nitrated pepsin was decreased compared to the native (nonnitrated) pepsin for distinct substrates].

On sait que l’administration de pentagastrine entraîne des ulcérations gastriques chez le rat témoin. Mais s’il se trouve que l’animal reçoit aussi, par instillation, du nitrite de sodium (à la dose de 0.87 mg NO2- kg-1), les lésions gastriques constatées deviennent alors moins nombreuses et moins profondes [However, animals receiving nitrite exhibited a reduced injury index reflecting a reduction in both the number of lesions and the degree of damage].

Du fait de ces différentes constatations, on peut être amené à voir dans la nitratation de la pepsine un réel mécanisme «anti-ulcérogénique», qui serait ainsi nouvellement décrit. La nitratation de la pepsine aurait un rôle de protection gastrique. [These results […] support the notion that pepsin nitration can be regarded as a novel antiulcerogenic mechanism].

Commentaire du blog

La conclusion est hypothétique.

Vis-à-vis de la menace ulcéreuse, l’ion nitrite NO2- pourrait exercer une action protectrice par d’autres mécanismes que la nitratation de la pepsine. Il peut l’exercer, par exemple, par l’intermédiaire d’une vasodilatation de la microcirculation gastrique induite par l’oxyde nitrique NO.

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