Adultes et fortes ingestions de nitrites

Hunault, C.C., van Velzen, A.G., Sips, A.J.A.M., Schothorst, R.C. and Meulenbelt, J. (2009) Bioavailability of sodium nitrite from an aqueous solution in healthy adults. Toxicology Letters 190, 48-53.

(voir l'abstract ici)

Comme les nitrates NO3-, les nitrites NO2- font l’objet d’une règlementation administrative.

On sait qu’il convient d’éviter absolument la présence d’ions nitrite dans un biberon. Chez le nourrisson, ces ions ont une toxicité aiguë. Chez lui, ils peuvent être responsables d’une méthémoglobinémie, certes le plus souvent bénigne, mais aussi potentiellement mortelle.

Bien que, par contre, la toxicité chronique des ions nitrite chez l’adulte soit loin d’être évidente, les Organisations internationales ont édicté, à leur égard, une Dose Journalière Admissible (DJA).

On constate que le Comité d’Experts sur les Additifs Alimentaires de l’OMS et de la FAO (JECFA) l’a abaissée au fil du temps, la faisant passer de 0,26 mg de NO2- par kg de poids en 1962 à 0,13 en 1974, avant de recommander, en 1995, de ne plus dépasser dorénavant 0,07 mg de NO2- par kg de poids. Durcissant ses prescriptions, il l’a ainsi divisée par 4 entre 1962 et 1995. Et, en 2007, alors que, dans le même temps, il renonçait à la DJA recommandée jusqu’alors à l’égard des nitrates NO3- (Cf. nos rubriques du 27 novembre 2009 et du 18 décembre 2009), il décidait de ne pas modifier, et donc de maintenir inchangée, sa DJA à l’égard des nitrites NO2-, la considérant cependant, remarquons-le, comme provisoire (provisional).

En 1992, au nom de la Commission des Communautés européennes, le Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine (CSAH) a, quant à lui, fixé une DJA pour les nitrites identique à celle que le JECFA de l’OMS et de la FAO préconise depuis 1995, c’est-à-dire: 0,07 mg de NO2- par kg de poids.

Cette DJA pour les nitrites, qui, pour un adulte de 70 kg, correspond à 4,9 mg de nitrites NO2-, est censée éviter l’apparition d’effets indésirables au long cours. En ayant ce chiffre à l’esprit, il n’est pas inintéressant de prendre connaissance de l’expérience présentée par Hunault et coll. (2009). Ceux-ci donnent, en effet, à neuf adultes volontaires sains, sous forme de nitrite de sodium en solution aqueuse, une dose orale unique de nitrites NO2-, comprise, soit entre 93 et 126 mg, soit entre 193 et 253 mg. La dose orale unique de NO2- administrée est ainsi 20 à 45 fois plus élevée que la DJA.

Quelques nausées et céphalées transitoires surviennent. Avec les doses orales les plus fortes, la tension artérielle moyenne baisse, pendant 1 heure et demi à 2 heures, d’environ 1 cm Hg. Le taux de méthémoglobine s’élève, s’établissant transitoirement autour de 4% avec des doses orales d’une centaine de mg de NO2- et autour de 10% avec des doses orales plus fortes, comprises entre 193 et 253 mg de NO2-. Les méthémoglobinémies restent cliniquement latentes.

Surtout, les auteurs constatent qu’après les ingestions de doses fortes de nitrites, les concentrations de nitrites dans le plasma augmentent rapidement. Après 15 à 30 minutes, elles atteignent un pic moyen de 2,7 mg de NO2- par litre; elles reviennent aux taux de base après 3 heures environ. Le profil pharmacodynamique est quasi identique à celui qui fait suite à l’administration des mêmes doses de nitrites par voie intraveineuse. Après administration orale, la biodisponibilité des nitrites est proche de 100%. Les auteurs l’évaluent entre 95 et 98%.

Commentaire du blog

De fortes doses orales de nitrites NO2- au-delà de 200 mg exercent ainsi un effet vasodilatateur, expliquant la diminution de la tension artérielle moyenne et rendant compte de quelques céphalées. Des doses uniques jusqu’à 45 fois plus élevées que la DJA (limite administrative établie avec l’idée de prévenir une supposée toxicité chronique) s’avèrent sans réel danger pour la santé de l’adulte. N’oublions pas, cependant, qu’il en va différemment avant l’âge de six mois. Chez le nourrisson, l’ion nitrite NO2- peut provoquer des méthémoglobinémies cliniquement détectables, le plus souvent bénignes, potentiellement sévères.

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