Nitrates salivaires, nitrites salivaires et candidose buccale

Shi, R.T., Qin, L.Z., Xia, D.S., Deng, D.J., Fan, Z.P., Shan, Z.C., Xu, Y.Y. and Wang, S.L. (2009) Increase of saliva nitrate and nitrite level in patients with oral candidiasis. Zhonghua Yu Fang Yi Xue Za Zhi 43, 607-610.

(voir l'abstract ici)

On sait qu’historiquement la première étude qui ait attiré l’attention sur l’effet anti-infectieux des nitrates et des nitrites fut celle de Benjamin et coll. (1994). In vitro, ces scientifiques britanniques observèrent qu’en milieu acide, une concentration de 11,5 mg par litre de nitrite NO2- exerçait une action destructrice à l’égard de la levure Candida albicans.

Si nous gardons cette notion à l’esprit, nous apprécions avec intérêt un travail émanant du Centre des Maladies des Glandes Salivaires de Pékin. L’article est écrit en chinois ; l’abstract est disponible en anglais.

Les auteurs comparent les taux de nitrates dans la salive parotidienne de 33 sujets atteints de candidose buccale aux taux de nitrates dans la même salive parotidienne de 34 sujets témoins. Prélevée directement dans les canaux excréteurs, la salive parotidienne des patients souffrant de candidose buccale contient, en moyenne, 2,3 fois plus de nitrates que n’en contient celle des sujets témoins, prélevée dans les mêmes conditions : respectivement 49,7 mg et 21,5 mg NO3- par litre. Le flux des nitrates dans la salive parotidienne est également doublé chez les patients.

En raison de la présence d’une flore bactérienne importante dans la cavité buccale à partir de l’âge de six mois, la salive que l’on y prélève au-delà de cet âge contient, on le sait, à la fois des nitrates et des nitrites.

Les auteurs chinois étudient aussi, chez les malades et chez les témoins, cette salive "globale". Chez les patients atteints de candidose buccale, la salive "globale", prélevée dans la cavité buccale, contient, en moyenne, respectivement, 5,8 et 2,5 fois plus de nitrates et de nitrites qu’elle n’en contient chez les sujets témoins : respectivement, 6,5 et 1,1 mg par litre pour les nitrates, 8,5 et 3,4 mg par litre pour les nitrites. Après traitement de la candidose buccale, les taux salivaires de nitrates et de nitrites sont l’objet d’une baisse significative.

Selon les auteurs, en cas de candidose buccale, ces modifications des taux des nitrates et des taux de nitrites dans la salive témoignent d’une réaction de défense de l’organisme (« host defense reaction »).

Commentaire du blog

Les auteurs chinois n’ont pas mesuré les taux de nitrates dans le plasma des patients et des témoins. Si, chez les patients, les taux de nitrates dans le plasma n’étaient pas augmentés, la déduction serait que, chez eux, la capacité des glandes salivaires à extraire les nitrates à partir du plasma se serait trouvée accrue. L’hypothèse est peu probable. Si, par contre, chez eux, comme il est plus vraisemblable, les taux de nitrates dans le plasma sont augmentés, le mécanisme en cause peut se résumer ainsi : Par la voie de la L-arginine et sous l’effet enzymatique de la NO-synthase, l’infection mycosique buccale stimule la synthèse endogène des nitrates. Les teneurs en nitrates se trouvent augmentées dans le plasma, puis dans la salive. Sous l’effet de la flore bactérienne buccale, les nitrates salivaires sont partiellement transformés en nitrites. Par l’intermédiaire du NO et de l’ion peroxynitrite ONOO-, les nitrites salivaires  exercent alors  leur effet favorable,  antifongique, à l’égard de la levure Candida albicans  qui a infecté  la muqueuse buccale.

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