Ion nitrite et fonction œsogastrique

Seenan, J.P., Wirz, A.A., Robertson, E.V., Clarke, A.T., Manning, J.J., Kelman, A.W., Gillen, G., Ballantyne, S., Derakhshan, M.H. and McColl, K.E.L. (2012) Effect of nitrite delivered in saliva on postprandial gastro-esophageal function. Scandinavian Journal of Gastroenterology 47, 387-396

(voir l'abstract ici)

Dans les pays développés, la maladie du reflux gastro-œsophagien, à l’origine de douleurs épigastriques et rétrosternales, affecte quelque 15 % de la population. Il arrive, en outre, qu’elle donne lieu à certains symptômes ORL et pulmonaires, à une métaplasie intestinale de l'œsophage dénommée œsophage de Barrett, voire même, rarement, au développement d’un adénocarcinome œsophagien.

Au cours de cette affection, plusieurs fonctions physiologiques neuromusculaires de la jonction œsogastrique sont altérées. On constate une baisse du tonus du sphincter inférieur de l'œsophage, avec augmentation de fréquence de ses relaxations spontanées, ainsi qu’une baisse de la clairance œsophagienne.

Ces fonctions physiologiques semblent influencées par l’oxyde nitrique NO. Des inhibiteurs de la phosphodiestérase comme le sildénafil [ViagraR], connus pour augmenter l’activité biologique de l’oxyde nitrique libéré, provoquent de nettes baisses du tonus du sphincter inférieur de l’œsophage et de la clearance œsophagienne.

Or, comme l’a montré cette équipe écossaise [Glasgow], il se trouve qu’après déglutition de la salive c’est dans la lumière de la partie haute de l’estomac que l’on constate les plus hautes concentrations d’oxyde nitrique enregistrables dans l’organisme [The highest concentration of nitric oxide recorded in the body occurs within the lumen of the proximal stomach].

Les auteurs se proposent donc de vérifier si des variations de la concentration salivaire en nitrite NO2- influent ou non sur la fonction physiologique post-prandiale oesogastrique.

Chez 20 adultes sains, ils étudient la fonction œsogastrique quatre jours de suite, après prise d’un repas standard, et, chaque jour, après modification de la concentration salivaire en nitrite sous l’effet d’une perfusion orale de nitrite de potassium.

Les concentrations des solutions de nitrite de potassium utilisées contiennent 0, 13, 92 ou 644 mg NO2- l-1. A la soixantième minute des perfusions orales, les concentrations moyennes salivaires en nitrite sont alors évaluées, respectivement, à 1.1, 3.7, 17.1 et 110.3 mg NO2- l-1.

Toutes les mesures effectuées dans le but d’évaluer la fonction œsogastrique, notamment la fréquence des relaxations spontanées et le tonus du sphincter, restent inchangées. [Esophageal acid exposure (primary outcome) was similar on each study day. Secondary outcomes, including number et duration of reflux events, rate of transient lower esophageal sphincter relaxations, lower esophageal sphincter pressure and rate of gastric emptying were also unaffected by variations in saliva nitrite concentration]. Même des concentrations salivaires en nitrite 10 fois supérieures à celles que font, par exemple, apparaître des ingestions d’une centaine de milligrammes de nitrate [NO3-] n’ont pas la capacité de retentir négativement sur la fonction œsogastrique. Elles ne favorisent pas le reflux gastro-œsophagien. 

Commentaire du blog

Le travail est intéressant. Comme le signalent les auteurs écossais, une équipe suédoise [Bove et coll.] a déjà montré en 2003 que des supplémentations orales en nitrate NO3- ne sont pas en mesure de provoquer des modifications significatives de la fonction œsogastrique. Dans l’étude suédoise, les concentrations salivaires en nitrite n’atteignaient pas, cependant, les hautes valeurs ici atteintes.

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