Echange de correspondance à propos de la DJA

Derave, W. and Taes, Y. (2009) Beware of the pickle: health effects of nitrate intake. Journal of Applied Physiology 107, 1677.

Benjamin, N., Bailey, S.J., Vanhatalo, A., Winyard, P. and Jones, A.M. (2009) Reply to Derave and Taes. Journal of Applied Physiology 107, 1678.

(voir les textes de ces lettres ici et )

Un récent article, signé d’une équipe britannique (Bailey et coll., 2009), a donné lieu à un échange de correspondance.

L’article britannique rendait compte d’une étude en double aveugle chez 8 hommes âgés de 19 à 38 ans. Celle-ci montrait qu’après l’ingestion, pendant 6 jours consécutifs, de 500 ml par jour de jus de betterave (correspondant à 5 mg de NO3- par kilo de poids corporel et par jour), la concentration plasmatique en nitrite NO2- se trouvait augmentée, tandis que la tension artérielle et la consommation d’oxygène à l’exercice se trouvaient réduites.

Spécialisés respectivement en médecine sportive et en endocrinologie,  Derave et Taes (2009) font part de leurs réserves. Ils font remarquer que les doses ingérées par les sujets de l’étude dépassent la Dose Journalière Admissible (DJA) édictée par le Comité d’Experts sur les Additifs Alimentaires de l’OMS et de la FAO, et fixée à 3,65 mg de NO3- par kilo de poids corporel. Or, par l’intermédiaire des nitrosamines, un soupçon de carcinogénicité ne plane-t-il pas sur les nitrates alimentaires ? Il ne faudrait donc pas qu’en cherchant à améliorer leurs performances les sportifs incorporent dans leurs « cocktails ergogéniques » de fortes doses de nitrates alimentaires et risquent alors, à la longue, de s’exposer à l’apparition de cancers.

Au nom de l’équipe britannique, Benjamin et coll. (2009) leur répondent, en insistant sur deux points :

- Le même Comité d’Experts sur les Additifs Alimentaires de l’OMS et de la FAO a lui-même reconnu en 2003 que les études épidémiologiques avaient finalement échoué dans leur tentative de montrer un quelconque lien de cause à effet entre les ingestions de nitrates et l’apparition des cancers. [These data […] do not provide evidence that nitrate is carcinogenic to humans (2003)].

- La seule étude qui a permis à ce Comité d’Experts sur les Additifs alimentaires de l’OMS et de la FAO de fixer, en 1962, la Dose Journalière Admissible (DJA) pour les nitrates et pour l’homme avait été effectuée sur des rats. Extrêmement succincte, elle était, scientifiquement, fort peu convaincante (Lehman, 1958).  

Commentaire du blog

En fait, il faut savoir qu’en 2007, l’OMS a décidé, dans les termes ci-dessous, de renoncer à sa DJA pour les nitrates: « For chronic exposure, JECFA (Joint Expert Committee on Food Additives) has proposed an ADI (Acceptable Daily Intake) for nitrate of 0-3.7 mg/kg of body weight […] (FAOWHO, 2002). The value for nitrate is based on a NOEL (no-observed-effect-level) of 370 mg/kg of body weight per day in laboratory animal studies; in view of the known interspecies variation in nitrate/nitrite metabolism, however, it was not considered appropriate at this time to use this in the risk assessment for humans.”

En France, l’année suivante, lui emboîtant le pas, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) (avis du 11 juillet 2008) s’est également montrée disposée à prendre ses distances avec cette DJA pour les nitrates. Ses termes sont les suivants : « L’afssa estime que les données publiées relatives à l’étude pivot de Lehman (1958) sont critiquables sur le plan méthodologique pour établir une valeur toxicologique de référence pour les nitrates. »  

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