Oxyde nitrique, sodium et hypertension artérielle essentielle

Simonsen, J.A., Rasmussen, M. S., Vach, W., Hoilund-Carlsen, P.F. and Bie, P. (2012) Exaggerated natriuresis during clamping of systemic NO supply in normal man. Clinical Science (London) 122, 63-73

(voir l'abstract ici)

L’oxyde nitrique NO joue très vraisemblablement un rôle dans l’homéostasie du milieu intérieur [Nitric oxide (NO) may be involved in fluid homeostasis].

Avant leur expérience, les auteurs, danois [Odense] et allemand [Fribourg-en-Brisgau], envisagent, à titre d’hypothèse, qu’une augmentation de la synthèse endogène d’oxyde nitrique NO déclenche une augmentation de l’excrétion urinaire de sodium [Na] (ou natriurèse), et, qu’à l’inverse, une diminution de la synthèse endogène d’oxyde nitrique NO se traduise par une diminution de cette même natriurèse.

Leur expérience porte sur 8 jeunes hommes, sains et volontaires, dont l’âge moyen est de 26 ans. Ils reçoivent un inhibiteur de la NO synthase, le Nω-nitro-L-arginine methyl ester, ou L-NAME, d’abord sous forme de bolus, à la dose de 750 μg par kg de poids corporel, puis en perfusion, pendant cinq heures, au rythme de 8.3 μg par kg et par minute. Pour contrecarrer l’augmentation des résistances périphériques à laquelle expose la perfusion de L-NAME, les auteurs prescrivent également, avec trente minutes de décalage et pendant cinq heures, une perfusion d’un donneur de NO, le nitroprussiate de sodium, (Na2[Fe(CN)5NO]·2H2O), au rythme de 0.5 μg par kg et par minute. Par ailleurs, durant trois heures, pendant ces perfusions de L-NAME et de nitroprussiate de sodium, ils mettent en place une perfusion de chlorure de sodium NaCl, au rythme de 20 μmol par kg et par minute.

Par comparaison, chez les sujets participant à l’expérience, ils effectuent aussi la perfusion de chlorure de sodium en l’absence des perfusions conjointes de L-NAME et de nitroprussiate de sodium.

La perfusion de chlorure de sodium seule, et la lente expansion induite du volume extracellulaire, sont à l’origine d’une augmentation de l’excrétion urinaire des ions nitrate et nitrite [NOx], de 28% en moyenne. Celle-ci passe, en moyenne, de 0.64 à 0.82 μmol par minute.

A la quatrième heure, en cas de perfusion de chlorure de sodium seule, l’excrétion urinaire de sodium se trouve augmentée d’approximativement 50%. Elle passe, en moyenne, de 23 à 35 μmol par minute.

A la quatrième heure, lorsque la perfusion de chlorure de sodium est encadrée par les perfusions de L-NAME et de nitroprussiate de sodium, l’excrétion urinaire de sodium n’est pas l’objet d’une augmentation moindre. Elle se trouve, au contraire, encore davantage augmentée, de près de 300%. Elle passe, en moyenne, de 19 à 54 μmol par minute.

Comme on l’a vu, les auteurs s’attendaient à ce que, chez les volontaires sains, l’inhibition de la NO synthase se traduise par une diminution de l’excrétion urinaire du sodium. Dans leur modèle, c’est l’inverse qu’ils observent. L’excrétion urinaire est augmentée.

La raison ne leur apparaît pas clairement [The specific mechanisms of the hypernatriuresis remain obscure].

Comme ils le font remarquer, on sait depuis de nombreuses années que, lorsqu’elle est légère et isolée, il arrive volontiers que l’hypertension artérielle dite essentielle soit associée à une augmentation de l’excrétion urinaire du sodium [It has been known for many years, and recently confirmed, that mild, monosymptomatic, essential hypertension is associated with hypernatriuresis]. Il ne serait donc pas impossible que l’hypertension artérielle «essentielle» se trouve liée à une réduction de la biodisponibilité rénale en oxyde nitrique NO [It is possible that hypertension is associated with reduced renal NO availability].

Commentaire du blog

Dans cette expérience, l’interprétation des résultats n’apparaît pas des plus aisées, les sujets recevant tout à la fois un inhibiteur de la NO synthase et un donneur de NO.

On pourrait, par ailleurs, s’interroger sur le rôle des apports sodés provenant du nitroprussiate de sodium dans l’augmentation de la natriurèse. En fait, les apports sodés provenant du nitroprussiate de sodium sont minimes: 3.4 nmol (or 77 ng) kg-1 min-1, en comparaison de ceux qui proviennent de la perfusion de chlorure de sodium: 20 µmol kg-1 min-1 [communication personnelle des auteurs].

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